Le début de cette 31e édition aura été chaud, car les militants des mouvements propalestiniens de Montpellier se sont mobilisés contre le choix de Jean-Paul Montanari et ont perturbé l’entrée du premier spectacle de la série, présenté par le chorégraphe israélien Ohad Naharin et sa compagnie Batsheva Dance. Si Naharin, qui est largement joué sur toutes les scènes de danse contemporaine européennes, fait figure d’institution, il n’en est pas de même des plus jeunes chorégraphes dont nous avons pu voir le travail les jours suivants. Niv Sheinfeld et Oren Laor, Yossi Berg et Oded Graf. On sent chez ces chorégraphes la pression d’une société dans un pays en guerre depuis sa création, où la chorégraphie est une échappatoire à la pression ambiante et pour ces artistes un moyen de s’exprimer dans l’urgence.
Très attendue, était la création française de « Brilliant Corners », par Emanuel Gat, au Théâtre de l’Agora quelques jours après sa création mondiale à la Biennale de Venise en juin. Bien que sa démarche artistique ne soit pas la même que celle des jeunes chorégraphes israéliens, Gat, né en 1969 en Israël et basé en Provence, à Istres, fait figure d’invité d’honneur dans ce festival, où il revient après le succès de sa pièce « Silent Ballet » en 2008 et auréolé de son récent travail avec le Ballet de Genève sur « le Clavier bien tempéré » de Bach.
Conçue pour dix danseurs, « Brilliant Corners » se réfère à la musique de Thelonius Monk, qu’il n’illustre cependant pas, la partie musicale étant un collage réalisé par le chorégraphe lui-même et une grande partie, la plus impressionnante, se déroulant dans le silence. Il est difficile, dans cette abstraction totale, de retrouver les affirmations du chorégraphe, à savoir que sa pièce pose les questions de savoir comment un processus engendre un environnement et quelles sont les forces qui génèrent la structure. Éternelle dualité entre le discours d’un créateur et le résultat observé… La forme est ponctuée de solos, duos, trios, où les danseurs, issus de divers horizons chorégraphiques, montrent du mieux qu’ils le peuvent leur savoir-faire personnel. Beau travail d’ensemble et individuel de la part de chaque soliste, « Brilliant Corners » laisse une impression d’inabouti et de froideur derrière tout ce que l’on a pu y admirer. Ce spectacle sera présenté à Paris Quartiers d’été en août* et au Pavillon noir d’Aix-en-Provence enfévrier 2012.
Spectacle venu du froid.
Pas plus de message lisible dans le très questionnant spectacle de Phia (ex-Philippe) Ménard, qui s’inscrivait dans la partie consacrée cette année aux arts du cirque par Montpellier Danse, pas le cirque traditionnel, mais des formes marginales comme l’acrobatie, représentée par cette artiste avec « P.P.P (Position Parallèle au Plancher) », un spectacle venu du froid. Sur une petite scène entièrement réfrigérée et entourée de blocs, pics, boules de glace et de trois armoires réfrigérées de taille géante, l’acrobate à peine emmitouflée (au contraire des spectateurs protégés par des couvertures) jongle avec tous les aspects de la glace, solide, pilée, fondue et même parfois au péril de sa vie, avec des boules de glace suspendues au plafond qui s’écrasent sur la scène. Métaphore souhaitée entre la transformation de l’identité sexuelle du jongleur et celle vécues par le corps, la glace est dans le regard des autres un substitut du corps en ce qu’il provoque d’attirance et de répulsion dans cette situation donnée. Là aussi le message n’apparaît pas de façon lumineuse mais le spectacle est assez fascinant pour qu’on en ressorte convaincu au moins de la valeur de l’enjeu et du défi. Une belle réussite !
Montpellier danse, tél. 08.00.06.07.40 et www.montpellierdanse.com.
*Du mercredi 3 au samedi 6 août dans la Cour d’Honneur des Invalides (tél. 01.44.94.98.00 et www.quartierdete.com).
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