C’EST AU SEUIL des années 1980 qu’Art Spiegelman a entrepris de raconter, sous les dehors d’un récit animalier et en noir et blanc, la déportation et l’extermination des Juifs de Pologne, avec en toile de fond l’histoire tragique de sa famille – ses parents sont des rescapés des camps devenus américains – et, à l’avant-scène, sa difficile relation avec son père. « Maus - Un survivant raconte » a été un succès mondial couronné par d’innombrables prix, dont le prix du Meilleur Album étranger à Angoulême à deux reprises, en 1988 et 1993, et le prix Pulitzer en 1992, décerné pour la première fois à un cartoonist.
L’intégralité des planches de « Maus » figurera parmi les 700 documents constituant l’exposition monographique d’Angoulême, la plus grande jamais consacrée à Art Spielgelman en Europe et qui voyagera par la suite à Paris (BPI du Centre Pompidou), puis à l’étranger.
Iris et Strindberg.
Comment la bande dessinée peut-elle rendre compte de l’idée européenne ? Une cinquantaine d’auteurs de l’Union européenne ont planché sur ce défi, chacun ayant pour mission de produire soit une illustration soit une bande dessinée d’une à quatre planches, des contributions muettes ou quasi-muettes pour la plupart. Une jeune Iris de 19 ans qui voyage pour les besoins de ses études d’architecture crée le lien entre les différentes contributions qui s’organisent en trois thèmes : les origines et les idées fondatrices de l’Europe, les acquis de l’Europe des 27 au quotidien et le futur de l’Europe.
Deux autres grandes expositions complètent ce parcours, l’une consacrée à la bande dessinée espagnole, qui a explosé après la mort de Franco en 1975 ; une vingtaine d’auteurs parmi les plus représentatifs de la BD espagnole aujourd’hui, accompagneront l’exposition « Tebeos ». Et c’est à travers une évocation collective de l’écrivain et dramaturge August Strindberg (1849-1912), aussi célébré que controversé, des créations originales mettant en scène l’univers et la personne de Strindberg, que l’on abordera la bande dessinée suédoise.
Taïwan tout terrain.
Après le Japon, la Corée ou Hongkong, Angoulême braque les projecteurs sur Taïwan. L’exposition « Ocean of Taiwan Comics » met en lumière les multiples influences culturelles et politiques de l’île, notamment des Pays-Bas, de la Chine et du Japon, dont la bande dessinée est indirectement l’héritière, celles aussi de l’Amérique et de l’Europe. Vingt auteurs taïwanais de bande dessinée seront présents, dont les très respectés Chen Uen et Jo-lung Chiu. Chacun d’eux aura pour mission de tenir, quatre jours durant, un journal en images de son séjour angoumoisin, diffusé quotidiennement à la fois sur le site de l’exposition et sur Facebook.
Au fil des expos.
Acteur majeur de la figuration libre, compagnon de route du groupe Bazooka, concepteur de « l’art modeste », Hervé Di Rosa est toujours resté fidèle à la bande dessinée qui n’a cessé de nourrir son imaginaire. L’exposition « DiRosaMagazine à Angoulême » – du nom de la publication, recueil d’images et de planches de bande dessinée imprimées en lithographie et en sérigraphie, qu’il créa en 1984 – témoignera de ce compagnonnage.
Alors qu’est publiée (Dargaud) une intégrale « Philémon » (15 albums parus en une vingtaine d’années, rassemblés en trois tomes), Fred, qui avait été sacré Grand Prix d’Angoulême en 1980 mais qui n’avait pas bénéficié de la désormais traditionnelle exposition consacrée au lauréat, parce que la tradition n’existait pas encore, se verra enfin salué avec un parcours rétrospectif, très justement appelé « Fred l’enchanteur ». On y verra près d’une centaine de planches originales, de « Philémon » bien sûr, mais aussi de « Magic Palace Hôtel », « la Magique lanterne magique » ou « l’Histoire du corbac aux baskets » (prix du Meilleur Album au Festival en 1994), « l’Histoire du conteur électrique »...
Grand ami des enfants à l’école, « l’Ours Barnabé » – dont les histoires humanistes et le plus souvent déclinées sous la forme de gags en une planche, privilégient l’humour visuel – sera, avec son créateur Philippe Coudray, l’une des vedettes de la programmation jeunesse dans une exposition interactive, ludique et pédagogique. Les jeunes lecteurs seront particulièrement chouchoutés puisque tout un secteur de la ville se transformera en Quartier Jeunesse. Au programme, tout un dispositif d’animations, d’expositions, de jeux, d’ateliers, de projections de dessins animés et de rencontres .
Et l’on n’oubliera pas l’exposition « Jeunes talents », qui offrira un échantillon de la bande dessinée de demain avec vingt auteurs à découvrir, issus du concours éponyme.
Transformée, le temps d’un festival, en la plus grande librairie de bandes dessinées du monde, Angoulême multiplie les animations, les rencontres avec les auteurs – que l’on voit au plus près de leur travail sur des œuvres en cours de création – et autres conférences mais aussi les spectacles, comme les « Concerts de dessins », les projections de films et documentaires, les concours. Les traditionnels prix seront décernés le dernier jour du Festival, le dimanche 29 janvier.
Du jeudi 26 janvier au dimanche 29 janvier, de 10 à 19 heures, et 20 heures le samedi (tél. 0892 68 36 22, www.bdangouleme.com/www.fnac.com). Un billet unique, le Pass Festival, permet d’accéder à l’ensemble des expositions et animations à l’exception des spectacles : de 6 à 14 euros/1 jour, de 13 à 30 euros/4 jours en fonction de l’âge (gratuit pour les moins de 7 ans). Un Pack Journée Paris-Angoulême (Pass Festival + TGV A/R) est proposé par la SNCF à 50 euros (2e classe) ou70 euros (1re).
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série