* Le Centre Pompidou a réuni une centaine de dessins, peintures et photos pour la première rétrospective en France de Georgia O’Keeffe (1887-1986), l’une des plus grandes figures de l’art nord-américain du XXe siècle. En 1916, Georgia O’Keeffe envoie ses dessins au fusain au photographe Alfred Stieglitz, qui a créé en 1905 le premier lieu d’art moderne aux États-Unis, la Galerie 291, exposant Picasso, Matisse, Rodin. C’est le début d’une relation de 30 ans, avec un mariage, des expositions annuelles et une correspondance de 5 000 lettres.
Dès 1910, dans les plaines du Texas, où elle enseigne, l'artiste développe une vision cosmique de la nature inspirée de sa lecture de l'ouvrage de Kandinsky « Du Spirituel dans l’art ». Elle retient des objets l’expression de la vie et de l’âme. Les années 1920 sont entre New York et Lake Georges, la maison familiale des Stieglitz. Les formes rectilignes des gratte-ciel avec les mouvements du ciel alternent avec les gros plans de fleurs, fruits ou feuilles, vus comme érotique. Ce à quoi elle répond : « Les gens parlent d’eux quand ils voient mes fleurs. » Un écho possible à la récente réception américaine des œuvres de Freud. En 1929, elle découvre le Nouveau-Mexique, où elle passera désormais six mois par an. Sa rencontre avec les peuples amérindiens animistes est déterminante, et la beauté du désert, associée aux crânes d’animaux, inspire des œuvres évoquant le cycle de la vie et de la terre. Les collines s’humanisent pour suggérer les contours de corps.
Ses formes abstraites ne peuvent être séparées du réalisme des paysages ce qui la conduit à une réinvention perpétuelle. À partir des années 1950, son art est de plus en plus habité par une recherche spirituelle, qu’elle développe dans une approche minimalisme. Avec ses émotions, elle transforme son environnement. Les vues d’avion d’une rivière deviennent une courbe sur le désert, le ciel s’étale en bande au-dessus des nuages. Il s’agit pour elle de « l’inexplicable harmonie de la nature avec le cosmos ». (Jusqu'au 6 décembre, centrepompidou.fr)
Le sens de l'aventure
* Au musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Anni et Josef Albers. Ils sont allemands, se rencontrent au Bauhaus en 1922 et se marient 3 ans plus tard, Anni (1899 -1994) est dans l’atelier tissage, Josef (1888-1976) dans celui du verre. Ils partagent la même conception de l’art, revalorisation de l’artisanat et production industrielle pour une démocratisation, selon les principes de l’école, mais aussi un sens de l’aventure. « Nous devons aller là où personne ne s’est aventuré avant nous », disait Annie, « Cultivez votre imagination et gardez les yeux ouverts », disait Josef. À l’arrivée du nazisme, ils émigrent en Amérique en 1933 et enseignent au Black Mountain College en Caroline du Sud.
Leurs œuvres se font parfois écho, horizontalité de bandes dans un dynamisme vertical. Josef crée des meubles fonctionnels aux formes simples, s’adonne au photomontage. Anni privilégie la pratique à partir d’une sensibilisation visuelle et tactile aux matériaux. Au Mexique, ils découvrent l’art précolombien et au Pérou les tissages, qui, avant l’invention de l’écriture servaient à communiquer un savoir. Ils y constituent une collection d’objets et tissus anciens. Anni commence à dessiner des bijoux, poursuit avec des tissages picturaux, dont des commandes religieuses, comme pour le Jewish Museum de New York. Dès 1947, Joseph, inspiré par les murs peints des maisons mexicaines, entreprend des œuvres géométriques abstraites aux couleurs vives, qui trouveront leur aboutissement dans la série « Hommage to the Square », plus de 2000 tableaux réalisés à partir de 4 carrés emboîtés, où « la couleur a un pouvoir magique ». Anni, atteinte de tremblements, dessine une grille qui, reproduite en de nombreux exemplaires, lui permet d’installer dans les quadrants différentes harmonies de couleurs. Toujours complices dans un dialogue respectueux. (Jusqu'au 9 janvier, mam.paris.fr)
Un parcours atypique
* Le musée du Luxembourg évoque le parcours atypique de Vivian Maier (1926-2009), gouvernante d'enfants pendant trente ans à New York puis à Chicago, reconnue aujourd’hui comme une des plus grandes photographes américaines, aussi bien humaniste que du street art. C’est en achetant en 2007 aux enchères des caisses de photos pour illustrer un livre que le jeune John Maloof découvre son nom et ses œuvres. Scènes de rue, quartiers ouvriers, portraits frontaux impassibles, émotions et mimiques des enfants, autoportraits, avec toujours une attention aux gestes, aux mains, aux attitudes.
Du noir et blanc, Vivian Maier passe dans les années 1960 à la couleur, ce qui donne du dynamisme à ses compositions, et aux films, qui lui permettent d’anticiper ses prises de vues pour installer le mouvement dans l’image. Les derniers clichés témoignent d’une recherche de l’essentiel qui exclut toute narration. En accord avec l’Estate Vivian Maier, 142 archives inédites sont présentées parmi les 278 tirages de l’exposition, pour cette première grande rétrospective en France. (Jusqu'au 16 janvier, museeduluxembourg.fr)
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