Du Moyen Âge à aujourd'hui

L’Histoire, de temps en temps

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Publié le 06/03/2017
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L-Barberousse

L-Barberousse

L-Déshabillons

L-Déshabillons

L-Gabrielle d'Estrées

L-Gabrielle d'Estrées

L-Belle d'amour

L-Belle d'amour

L-1917

L-1917

L-L'impérial socialiste

L-L'impérial socialiste

L’histoire immédiate fait l’actualité avec la parution, pour inaugurer les éditions Massot (créées par Florent Massot, qui œuvre dans l’édition depuis plus de vingt-cinq ans), de « l’Impérial socialiste » (1), un texte anonyme signé Louis Badinguet. Badinguet étant le surnom, synonyme de simplet, donné à Louis-Napoléon Bonaparte, qui, souligne dans la préface Alexandre Jardin, a régné vingt-deux ans sur un pays qui lui doit sans le savoir sa physionomie moderne, les bases de sa prospérité et certains de ses acquis sociaux. Dans cette lettre ouverte aux Français d’aujourd’hui, Napoléon III fait le point, entre rigueur historique et humour critique, sur l’état de la France et les moyens de l’améliorer. Au-delà de la simple réhabilitation et de la devinette pour savoir quelle plume se cache derrière le sobriquet signataire, l’ouvrage se veut un rappel des valeurs qui sont, plus que jamais, les meilleures armes contre l’extrémisme.

Comme dans « l’Arracheuse de dents », Franz-Olivier Giesbert imagine qu’un professeur d’université, hanté par le fantôme de Tiphanie Marvejols, dite « Belle d’amour » (2), s’attache à raconter « la véritable histoire des croisades ». Par contrainte et par choix, son héroïne, orpheline après la condamnation à mort de ses parents, s’embarque pour la Terre sainte et participe, dans le sillage de Saint Louis, aux deux dernières croisades en Orient. Loin du strict manuel d’histoire, le roman est une épopée truculente et pleine de rebondissements qui nous fait vivre, tournures de phrases et vocabulaire du Moyen Âge à l’appui, maintes aventures dans le royaume de France et en terre d’Islam. Il est aussi une source de réflexion, tant cette époque où la guerre et la religion s’entremêlent, rappelle la nôtre.

Les mémoires fictifs du peintre Agnolo Bronzino, et les commentaires qu’ils inspirent au narrateur qui a déniché ce livre rare, sont l’occasion pour l’académicien et prix Goncourt (« Dans la main de l’ange ») Dominique Fernandez, de nous entraîner dans les arcanes de la peinture florentine du XVIe siècle. « La Société du mystère » (3) restitue le parcours vers la célébrité de Bronzino auprès de son maître Jacopo da Pontormo, jusqu’à devenir le peintre officiel des Médicis, et dessine les portraits de ses amis maniéristes. Il montre comment ces créateurs, pourchassés autant pour leurs amours interdites que pour leurs pensées hérétiques et leurs audaces esthétiques, ont été amenés à crypter, chiffrer et user du double sens.

Liaisons dangereuses

Après avoir signé une cinquantaine d’ouvrages (« les Vieillards de Brighton », prix Médicis), Gonzague Saint Bris montre, dans « Déshabillons l’Histoire de France » (4), combien l’amour (et le sexe) a influencé le cours de notre histoire. Depuis les Gaulois, jusqu’à Félix Faure succombant dans les bras de sa maîtresse, une suite de tableaux des mœurs françaises illustre d’une façon inédite les états successifs de notre roman national. Autant de liaisons dangereuses racontées avec truculence mais aussi avec rigueur historique.

Gabrielle d’Estrées, que l’on croise dans le précédent ouvrage, est l’héroïne à part entière du nouvel opus de l’historienne et romancière Isaure de Saint Pierre. « Gabrielle d’Estrées ou les belles amours » (5) raconte le destin romanesque et tragique de cette jeune fille qui résista longtemps aux avances d'Henri IV, de vingt ans son aîné, avant de devenir sa maîtresse en titre. Au cœur du pouvoir pendant huit ans, elle a notamment poussé le roi à signer l’Édit de Nantes. Mais la favorite ne deviendra jamais reine.

« Un siècle après la révolution bolchevique d’octobre 1917, ses conséquences pèsent toujours sur le destin de la Russie et celui du monde », rappelle Max Gallo dans « 1917, une passion russe » (6). L’historien et académicien tient le pari de nous faire vivre cette révolution dans un livre concis qui se lit comme un roman étourdissant, où la misère d’un peuple violenté par un pouvoir tsariste autocratique fait écho à la « dictature du prolétariat » inspirée par Lénine et dévoyée par Staline.

S’il est une vie d’aventures et de conquêtes, c’est bien celle de Khayr-ed-Din, dit Barberousse. Spécialiste reconnue du monde arabe, Geneviève Chauvel montre, dans « Barberousse. Le maître de la Méditerranée » (7) qu’il ne fut pas seulement un corsaire cupide et cruel, mais aussi un brillant navigateur et un fin stratège, au point qu'il fut nommé Grand Amiral de la flotte ottomane et gouverneur-général de la régence d’Alger. Et il fut bien sûr un personnage incontournable dans la lutte à mort à laquelle se livrèrent Soliman, Charles Quint et François 1er.

Roman historique et roman d’apprentissage, « la Vie volée de Martin Sourire » (8) met en scène un petit orphelin que la reine Marie-Antoinette a recueilli et fait grandir dans un certain confort près du Petit Trianon. Lorsque tourne le vent de l’Histoire, le garçon, quasi mutique et solitaire, quitte Versailles pour Paris, où il s’engage dans l’armée révolutionnaire et s’illustre dans les carnages perpétrés en Vendée. Christian Chavassieux, qui assortit son récit d’une quarantaine de pages de notes, souffle le chaud et le froid, entre le château de Versailles et la rue parisienne, l’idéalisme et la réalité de la guerre.

 

 

(1) Massot, 122 p., 16 €. En librairie le 9 mars
(2) Gallimard, 373 p., 21 €
(3) Grasset, 597 p., 23
(4) XO , 296 p., 19,90 €
(5) Albin Michel, 392 p., 22 €
(6) XO, 213 p., un cahier de photos, 17,90 €
(7) Balland, 447 p., 22 €
(8) Phébus, 393 p., 21 €.

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin: 9561