* Au musée Guimet (1), « Histoires possibles », première et grande rétrospective Marc Riboud (1923-2016) après la donation de plus de 50 000 photographies, l’intégralité de son œuvre et de ses archives. Un regard de reporter et d’humaniste sur le monde en mutation, avec une prédilection pour l’Asie et surtout la Chine.
Ses débuts à Paris ne résument pas au fameux « Peintre de la tour Eiffel ». Il y a le quotidien de l’après-guerre. Et déjà un cadrage et une sensibilité à l’humain. C’est ainsi qu’Henri Cartier-Bresson et Robert Capa l’invitent en 1953 à les rejoindre à l’agence Magnum.
Grand voyageur, Riboud commence en 1955 un périple de trois ans. La Turquie postkémaliste, le Pakistan, l'Inde (il passe un an à Calcutta), la Chine (il est l'un des premiers témoins du quotidien et de l'industrialisation du pays, qui vont être bouleversés par « le Grand Bond en avant » de 1958), enfin le Japon (il prépare son premier livre, sur les femmes entre tradition et occidentalisation).
Dans les années 1960, le photographe est en Afrique au cœur de la décolonisation, au Ghana, en Guinée, au Nigeria et en Algérie. En 1963 il est à Cuba avec Fidel Castro lorsque ce dernier apprend l’assassinat de Kennedy. Sa guerre du Vietnam débute en 1967 à Washington avec « la Jeune fille à la fleur », une opposante à la guerre s’avance une fleur à la main vers des soldats de son âge. Sur place et jusqu’en 1976, il décrit « un monde terrassé », les ruines et la dignité des habitants. Au Cambodge, en 1990, il piste au milieu des temples bouddhiques les ravages des Khmers rouges.
Dans tous ces lieux où l’histoire est si présente et où il est revenu à plusieurs reprises, il révèle à la fois les marques tragiques et la permanence, avec un regard empathique pour les habitants et une grande sensibilité aux paysages. Ses photos sont un miroir du monde.
Jusqu’en 2006, il sera en Chine le témoin de la Révolution culturelle puis du boom économique. Il aura aussi un regard poétique, faisant des sommets escarpés des monts Huang Shan « des bateaux ivres surgissant de la brume », rappelant la longue tradition de peinture au lavis.
En lui donnant son appareil photo, celui qu’il avait utilisé dans les tranchées, son père avait dit à l'enfant réservé qu'il était : « Si tu ne sais pas parler, tu sauras peut-être regarder ». Un vœu largement accompli !
L'imprévisible
* Sarah Moon s’éloigne de son image de photographe de mode à succès de Cacharel et de Yoji Yamamoto. Dans « Passé Présent », l’exposition qu’elle a mise en scène au musée d'Art moderne de la Ville de Paris (2), elle brouille les frontières de son travail autour de la femme et des paysages, pour « travailler le temps, l’instantanéité, le prévisible et l’imprévisible » et instaurer un récit. Elle y inclut de courtes vidéos inspirées de contes populaires et un hommage à son compagnon de 48 ans, Robert Delpire, figure clé de la photographie en France, éditeur et créateur du Centre national de la photographie en 1982.
* À Montpellier, au Pavillon Populaire (3), espace d'art photographique ouvert gratuitement, le regard hors des conventions des photographes de la New York School, qui ont voulu rendre à la ville sa liberté et son rythme sans s’enfermer dans des compositions et des cadrages. De la Grande Dépression aux années 1960, 160 clichés, signés Walker Evans, Saul Leiter, Ruth Orkin, Diane Arbus, Robert Frank, Lisette Model…
(1) guimet.fr (2) mam.paris.fr (3) montpellier.fr
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