Théâtre de Poche, Atelier

Maître Renard et ses amis

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Publié le 03/11/2016
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Théâtre-C. Sauval

Théâtre-C. Sauval
Crédit photo : Alain Leroy

D’un côté, un spectacle simple, sobre, bref, mais un moment si riche et si délicatement imaginé, que l’on en sort ému et avec son content de théâtre. Catherine Sauval a longtemps été sociétaire de la Comédie-Française. On l’y a très souvent applaudie, dans des registres très différents. À 50 ans et seule, forte de sa passion pour Jules Renard, elle a conçu une traversée de l’univers de l’auteur du « Plaisir de rompre ».

Sous le titre « Jules Renard, l’homme qui voulait être un arbre », elle dit des textes très divers, mais unis par les humeurs de l’écrivain. Une manière de décrire les paysages, la nature avec une exceptionnelle délicatesse. Un retour obsessionnel sur les souffrances de son enfance et en particulier sur les duretés terribles de sa mère. De l’ironie, de l’humour, des couleurs changeantes et toutes restituées avec un grand art.

Dans la salle du bas du Théâtre de Poche, il n’y a pas d’autre décor qu’une petite table, une chaise et un panneau qui représente un arbre. Philippe Lagrue, qui avait justement monté « Poil de carotte » au Studio-Théâtre, les a imaginés, comme les belles lumières accompagnant la comédienne, qui jouait alors Madame Lepic.

Catherine Sauval connaît son montage de textes au cordeau, elle a une jolie voix, elle nous fait comprendre tous les secrets d’une âme blessée. On est sous le charme et très bouleversé par l’accord de la comédienne avec les pensées souvent douloureuses de Jules Renard.

Deux visions du monde

Autre ton, autres manières, avec « l’Éveil du chameau », de Murielle Magellan. Des manières un peu lestes, sinon franchement communes. L’auteur veut « confronter deux visions du monde » et a donc imaginé deux personnages très différents. Une épouse bourgeoise bien comme il faut (Barbara Schulz), très jolie et assez rigide, et un homme qui ne pense qu’à son travail (Pascal Elbé) et vit comme un célibataire sans responsabilité auprès d’une assistante très dévouée (Valérie Decobert).

L’argument est mince, très artificiel. Elle est venue demander des comptes au nom de sa fille ; il a un fils dont il ne s’est jamais occupé. Anouche Setbon, qui met en scène, a trouvé de bons rythmes et les interprètes sont remarquables. Le « chameau », c’est elle qui l’appelle ainsi, va se réveiller et accepter ses responsabilités, elle va elle aussi connaître un nouvel éveil. Pas de quoi faire un drame. Mais le public savoure le jeu tout en nuances des protagonistes.

 

– Poche-Montparnasse, le lundi (sauf le 5 décembre) à 19 heures jusqu’à la fin de l’année. Durée 1 h 20. Tél. 01.45.44.50.21, www.theatredepoche-montparnasse.com
– Atelier, à 19 heures du mardi au samedi, à 16 h 30 le samedi. Durée 1 h 30. Tél. 01.46.06.49.24, www.theatre-atelier.com

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9531