Dans son précédent roman « Cosmétique du chaos », Espedite racontait une insurrection silencieuse et sans visage à l’endroit d’une société normée par les technologies du regard et de la surveillance de masse. Dans « Utérotopie », l’écrivain corse donne un visage féminin à la figure de l’autoconfiné rebelle, avec deux adolescentes des quartiers bourgeois qui refusent le monde, et leur corps tel que voudrait le modeler le regard des autres, et se livrent en secret à des pratiques anorexiques. Le domicile où les jeunes filles restent enfermées n’est plus le lieu de la domesticité mais celui de la contestation et la réappropriation de son identité. Pour nous plonger dans cette fuite en dedans, Espedite n’hésite pas à exagérer le trait et frôle la dystopie. « La médecine y est devenue prédictive, les données biologiques de chacun sont ouvertement partagées, on mène des politiques de prévention de la biodéviance à l’endroit d’enfants conçus par utérus artificiel », etc. (Actes Sud, 103 p., 14,90 €)
Maîtresses de leur corps
Publié le 13/01/2023
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Source : Le Quotidien du médecin
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