LA DERNIÈRE production en date de « Manon » et première sur la scène bastillane date de 1997. Signée Gilbert Deflo, elle était plutôt fidèle à l’œuvre et avait vu triompher entre autres Renée Fleming, Leontina Vaduva, Roberto Alagna, Rolando Villazón. Pur produit de l’Opéra-Comique, où elle fut créée en 1884, cette œuvre n’est pas facile à mettre en scène dans un si grand espace et on ne peut nier à Coline Serreau de l’avoir fait avec efficacité théâtrale et génie des décors (signés Jean Marc Stehlé et Antoine Fontaine). Tout s’enchaîne bien et, grâce à de judicieuses coupures, on ne sent pas la longueur de l’œuvre, qui, avec ses cinq actes peut être un handicap.
Pitreries.
Mais voilà, aujourd’hui, il ne suffit pas de bien faire son travail de metteur en scène, il faut y ajouter des pitreries qui feront parler, à défaut de faire date. À cette « Manon » en grande partie en costumes XVIIIe Coline Serreau a voulu donner une dimension branchée et y a ajouté des punks (Lescaut et ses deux acolytes, vite rejoints à l’hôtel de Transylvanie par toute une société bariolée façon train-fantôme), une pizza sur la fameuse petite table de la mansarde parisienne, des go go boys au Cours-la-Reine, des poilus et autres croisés à la route du Havre, des patineuses à Saint-Sulpice et on en passe... Le chevalier des Grieux commence à Amiens pommadé comme un ténor d’opérette et finit au Havre en quasi-clochard ; Manon passe de la robe panier à la tenue punk. C’est d’autant plus dommage qu’avec des chanteurs-comédiens comme Natalie Dessay, Giuseppe Filianoti et Paul Gay, on n’est jamais roulé sur la qualité du jeu. Cette « Manon » excentrique ne peut en rien, à moins d’en refaire les costumes, constituer une pièce de répertoire, mission première de l’Opéra de Paris.
Musicalement les apparences sont sauves, à condition de ne pas être trop exigeant sur le style, autant à l’orchestre (Evelino Pidò n’a en rien le chic ni les couleurs de l’orchestration de Massenet) que sur scène. C’est certainement le Chevalier de Giuseppe Filianoti qui s’en sort le mieux avec de beaux moyens, une diction satisfaisante et surtout un jeu très touchant. Paul Gay a une allure folle en comte des Grieux mais, comme dans son récent Mephisto de « Faust », il lui manque simplement le registre grave. Luca Lombardo est un excellent Guillot de Morfontaine. On ne peut à aucun moment prendre au sérieux le Lescaut de Franck Ferrari dans son attirail de punk motoriste ; c’est dommage, car c’est un formidable chanteur. Natalie Dessay joue exemplairement le rôle de Manon, qui évolue tant, de son arrivée à l’auberge jusqu’à sa mort au Havre, à laquelle elle donne un relief saisissant. Vocalement, on peut comparer avec ses prestations dans ce rôle à Genève et Barcelone il y a huit ans : elle n’a plus les moyens du rôle qu’elle chante désormais à l’arraché et à l’économie. Le public ne s’y est pas trompé et l’accueil de l’ex-star française a été plus que tiède.
Opéra de Paris- Bastille (tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr) jusqu’au 5 février. Places de 5 à 180 euros. La Bibliothèque-musée de l’Opéra au Palais Garnier propose jusqu’au 30 mai une exposition « La Belle époque de Massenet » (tous les jours de 10 à 17 heures, entée 9 euros).
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série