On n’était pas allé à la Grange depuis l’époque où le pianiste ukrainien Sviatoslav Richter en était l’âme et le mentor. Plus de vingt ans donc, le maître, disparu en 1997, y ayant donné son dernier concert en 1994. Rien n’y a changé en apparence. Les bâtiments sont toujours aussi imposants, le jardin avec ses oies et ses coqs a toujours un charme fou. Mais la grange du XIIIe siècle, magnifiquement entretenue, a gagné une estrade plus vaste et un dispositif acoustique sophistiqué et efficace.
Le public, on s’en doute, n’est plus le même. Richter, qui ne jouait pas beaucoup ailleurs, y attirait une clientèle exigeante et internationale et y invitait des artistes que l’on n’entendait guère en dehors de l’Union soviétique. Sur ces années mémorables et pour alimenter la nostalgie, on peut se rafraîchir la mémoire avec le bel album « Mémoires d’un festival », publié par les Éditions Sutton à l’occasion du cinquantenaire de la manifestation, en 2014.
Nicholas Angelich vient d’enregistrer pour Warner un programme « Dedication » qui comporte des œuvres que se sont dédiées entre eux trois compositeurs. La « Sonate en si » de Liszt est dédiée à Schumann, dont les « Kreisleriana » sont dédiés à Chopin, qui a dédié ses « Études Opus 10 » à Liszt. Belle idée, qui pourrait rester un concept de marketing si l’enregistrement n’était pas aussi réussi (1 CD Warner Classics).
Angelich mène les deux monuments que sont les « Kreisleriana » et la sonate de Liszt avec une très belle intelligence musicale et des trésors de sonorité. Les deux études de Chopin sont à la fois virtuoses et délicates. Pour le concert en Touraine, il avait repris ce programme y ajoutant un « Nocturne » et comme bis deux « Mazurkas » en apesanteur. Un magnifique récital par un artiste singulier qui ne cesse d’étonner.
Un bel ensemble tchèque
À marquer d’une pierre blanche aussi, le concert qui a permis au Quatuor Prazák d’accueillir le jeune clarinettiste français Raphaël Sévère. Avec un programme très Europe centrale. Un jubilant Quatuor opus 77 n°1 de Haydn montrait d’emblée quelle belle mécanique est cet ensemble tchèque et l’étendue de ses possibilités musicales. C’était un prélude bien sage à l’inclassable Quatuor n°2 de Janácek, « Lettre intimes », auquel les quatre musiciens ont insufflé une fougue, un feu, des couleurs désespérées et flamboyantes, avec une maîtrise instrumentale exemplaire. Le Quintette pour clarinette et cordes en si mineur de Brahms permettait de revenir dans un monde plus terrien, avec des sonorités plus suaves et une rigueur qu’imposait par ses phrasés le magnifique clarinettiste Raphaël Sévère.
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