Nouveautés en tous genres

* Après une longue retraite – dont cinq années passées dans un monastère –, à part une tournée en 2008, Leonard Cohen, songwriter culte du très émouvant « Suzanne » et de « Hallelujah », est retourné en studio pour la douzième fois, pour graver un nouvel album très attendu, « Old Ideas » (Columbia/Sony Music). Aujourd’hui largement septuagénaire (77 ans), le poète-chanteur et romancier canadien, né à Montréal, intronisé voici trois ans dans le Rock and Roll Hall of Fame – le Panthéon du rock –, celui qui fut adulé par toute une génération de jeunes groupes grunge, comme Nirvana, rassemble en dix titres le passé et le présent de sa très longue carrière, commencée dans les années 1960. Il livre un CD à la fois hypnotique et lyrique, particulièrement dépouillé, qui passe en revue et rend hommage aux styles musicaux qui ont bercé sa mémoire, du blues à la country music, du gospel au jazz, avec toujours cette extraordinaire voix caverneuse au timbre unique qui fait chavirer les cœurs. Susurrant et murmurant à l’oreille de l’auditeur des textes parfois osés – « Amen » –, il apparaît désormais plus comme un crooner tranquille et apaisé. L’ermite est de retour. Brillamment.

* Michel Legrand, qui a fêté récemment ses 80 ans, est vraisemblablement l’un des compositeurs les plus célèbres au monde. Celui qui a écrit des thèmes inoubliables pour le cinéma, fréquenté les plus grands artistes – de Miles Davis à Ray Charles en passant par Sarah Vaughan, Stan Getz, Ella Fitzgerald, Oscar Peterson et Stéphane Grappelli, notamment –, et poussé la chansonnette, est désormais « coffré » dans une boîte intitulée, « La musique au pluriel » (Emarcy/Universal). Ce coffret de 4 CD réunit les trois univers qui ont fait sa gloire internationale : la chanson (avec des titres emblématiques comme « Quand ça balance » ou « les Moulins de mon coeur »), le jazz et le cinéma (« Un été 42 », « les Demoiselles de Rochefort », « les Parapluies de Cherbourg » ou encore « l’Affaire Thomas Crown ». Et un 4^e CD où il est duo avec la harpiste Catherine Michel. Les sommes de toute une vie de création.

* Trompettiste, François Chassagnite nous a quittés en avril de l’année dernière à l’âge de 56 ans. Après une importante rencontre avec son alter ego, Chet Baker, il intègre le premier Orchestre national de Jazz (ONJ) de François Jeanneau, puis le Big Band Lumière de Laurent Cugny, dirigé à l’époque (fin 1980) par le légendaire Gil Evans. Par la suite, il est à la tête de multiples formations en clubs et en festivals, avant de choisir de s’installer à Nice. « Chat-ssagnite » (Frémeaux & Associés) est son dernier enregistrement et date de juin 2010. Comme son modèle, Chet Baker, et tant d’autres trompettistes, « Chass » chante sur six des douze titres du CD, mais surtout offre, en compagnie de fidèles amis et accompagnateurs, une visite dans un monde qu’il affectionnait, celui des standards du jazz. Une forme de testament.

* Bassiste d’origine martiniquaise, Just Wody, qui sera à Paris le 17 février (Sunset, 22 heures), s’est inspiré du melting-pot musical de son île pour créer une nouvelle forme esthétique, baptisée « Nu Jazz Roots ». Accompagnateur attitré de Mario Canonge et de la chanteuse béninoise Angélique Kidjo, il vient de sortir son premier album, « Nu Jazz Roots » (Warwick/LMC), essentiellement instrumental, qui mélange les racines du bélé (ou bel air) local au jazz sous ses formes les plus rythmées et modernes. La rencontre de deux traditions.