À 54 ans, Serge Joncour reçoit le prix Interallié pour son 14e roman, « Repose-toi sur moi » (1), où l'on retrouve l'humanité qui est le fondement de l’œuvre de « l’Écrivain national », prix des Deux-Magots l'an dernier. Ludovic, un grand gaillard ancien agriculteur devenu recouvreur de dettes, et Aurore, une fragile styliste, habitent dans le même immeuble à Paris et se croisent sans se voir, jusqu'au jour où ils vont se parler et se reconnaître, s'aimer. Au-delà du coup de foudre qui laisse entendre que tout est possible, le livre embrasse des territoires aussi différents que le monde rural, la banlieue et la capitale, tous minés par l'argent mais qui peuvent être sauvés par l'amour.
Jurée à l'Académie Goncourt depuis 1995 et auteure de 12 romans depuis « l'Allée du roi » en 1981, Françoise Chandernagor a établi une anthologie personnelle et malicieuse de textes de femmes-poètes francophones, qui montre le regard que les femmes portent sur l'amour, souvent synonyme de bonheur. « Quand les femmes parlent d'amour » (2) est l'occasion de découvrir de grandes poétesses du XXe siècle injustement ignorées et aussi, c'est le but, de dénoncer la misogynie du « milieu littéraire ».
Luc Ferry, ancien professeur de philosophie et ancien ministre, revient dans « 7 façons d'être heureux » (3) sur la notion non identifiable et hautement fragile de bonheur. Il réfute la thèse selon laquelle le bonheur « ne serait que le résultat d'un travail sur soi, d'exercices de sagesse physiques et mentaux appropriés » et défend celle arguant que ledit bonheur est provisoire et dépend « de l'état du monde extérieur et du sort des autres, notamment de ceux que nous aimons ». Préférant la lucidité aux illusions, il analyse ce qui, dans nos vies, permet de réels moments d'intensité et de sérénité.
La femme qui parle dans « le Dernier Quartier de lune » (4) a 90 ans. Elle ne dit pas son nom et elle s'adresse au feu et à la pluie. Son histoire se fond avec celle de la forêt de l'extrême nord de la Chine, aux longs hivers glacials. C'est aussi la région où est née et où vit l'auteure, Chi Zijian, une romancière et nouvelliste qui a reçu de nombreux prix, dont, en 2008, le grand prix Mao Dun pour ce livre. La femme raconte la vie de ses proches depuis son grand-père paternel, de ses deux maris, de ses enfants et nombreux petits-enfants. Une belle et dure vie en totale harmonie avec la nature.
Steven Boykey Disley (« Meyer et la catastrophe ») s'est imposé sur la scène littéraire sud-africaine dès la parution de « Borowitz broie du noir » (5), son premier roman. Jared Borowitz est un brillant physicien qui a tout pour être heureux, mais ses certitudes d'homme de science ne laissent de place ni au doute ni à l'optimisme. Jusqu'au jour où son mentor lui susurre sur son lit de mort que son rôle est d'être heureux, pas d'avoir raison. Des mots qui seront bientôt confirmés lors d'un week-end explosif à la campagne avec des personnages aussi drôles que convaincants.
Les clés du paradis
Pour le poète et écrivain espagnol José Carlos Llop, le bonheur a un goût de vacances estivales, passées sur une côte sauvage de Majorque, au début des années 1960, avec ses parents et ses frères. Il se souvient dans « Solstice » (6) de ce « paradis », qui n'était qu'une base militaire dans une zone désertique, et des journées organisées avec une rigueur inflexible. En vantant ces paysages arides et ces vacances austères et solitaires, sans autre distraction que la mer, l'auteur nous fait entrevoir le plaisir de la frugalité et de la sobriété et nous invite à retrouver la joie toute simple de se sentir vivre.
Laurent Gounelle est un habitué des best-sellers, qui tournent autour de la philosophie et du développement personnel. Dans « Et tu trouveras le trésor qui dort en toi » (7), il imagine qu'une jeune femme athée et conseillère en communication décide d'aider un ami devenu prêtre à faire revenir des fidèles à l'église. En se plongeant dans la spiritualité des diverses religions, elle amène le lecteur à réfléchir sur la place que chacun se donne dans la vie, sur celui que l'on pense être et celui que l'on est réellement. Une clé du bonheur serait de retrouver l'estime de soi sans se cacher derrière des faux-semblants.
« Comment apprendre à s'aimer », (8) de la Japonaise Motoya Yukiko (dramaturge et romancière, prix Kenzaburô Ôe pour « Pique-nique dans la tempête »), n'est pas un guide pratique mais un livre miroir qui montre le parcours d'une femme ordinaire à différents moments de sa vie, de l'enfance à 63 ans. Chaque instantané la présente dans son quotidien, ses rêves et ses déceptions, ses joies et ses erreurs, ses mots non prononcés ou trop vite échappés. Des petits riens, sans doute, mais qui, pour l'auteure, donnent un sens à la vie : le bonheur peut s'apprendre puisqu'il réside dans les non-événements de tous les jours.
(1) Flammarion, 430 p., 21 €
(2) Le Cherche Midi, 249 p., 19 €
(3) XO, 229 p., 17,90 €
(4) Philippe Picquier, 367 p., 22 €
(5) Belfond, 308 p., 21 €
(6) Jacqueline Chambon, 125 p., 15 €
(7) Kero, 328 p., 20,90 €
(8) Philippe Picquier, 152 p., 16,50 €
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