AVEC « ORPHÉE », il ne s’agit pas d’une de ces créations que la grande dame de la danse contemporaine allemande montait invariablement chaque année au Théâtre de la Ville pour un public conquis d’avance, mais bien, après « le Sacre du Printemps », l’entrée au répertoire d’un de ses classiques du temps où Wuppertal avait encore un opéra pour lequel Pina Bausch réglait aussi des opéras-dansés. Des chanteurs doublent sur scène chaque danseur et, dans la fosse, un orchestre baroque et un chœur, luxe suprême, jouent la partition.
« Orphée », de Gluck, a connu, comme tous les opéras itinérants au XVIIIe siècle, des avatars successifs. Celui retenu pour cette réalisation est une version très hybride : la version dite « Berlioz », réalisée pour Paris en 1859, en quatre actes et pour une voix féminine d’alto pour le rôle d’Orphée. Mais la traduction en allemand du texte (sans surtitrage), qui sied si mal à cette partition si mélodieusement italienne, fait qu’on peut véritablement parler d’une autre version, « Orpheus und Euridike », en quelque sorte. Dans la fosse, le Balthasar-Neumann Ensemble & Chor, sous la direction de Thomas Hengelbrock, s’en acquitte avec une certaine raideur plus proche du style religieux luthérien que du style à la française.
Sans rédemption.
Sur scène, on assiste à un rituel au début un peu compliqué, surtout dans le premier des quatre tableaux que Pina Bausch a nommés : « Deuil », « Violence », « Paix » et « Mort ». Pour le dernier, Pina Bausch a réglé un rite aussi sacré que pour son « Sacre », d’autant qu’il s’arrête abruptement, la chorégraphe ayant opté pour la suppression pure et simple de la fin de l’opéra. Eurydice meurt d’avoir été regardée par Orphée, aucune rédemption finale ne leur est offerte et on reste sur une fin funestement virgilienne.
Stéphane Bullion et Marie-Agnès Gillot dansent superbement les rôles éponymes. Le premier, presque nu, se tire avec grâce d’une chorégraphie compliquée et épuisante. Il est doublé par l’excellent alto Charlotte Hellekant, qui a de plus une très belle présence scénique. La seconde, plastiquement la plus belle danseuse étoile du Ballet, vêtue de carmin, est la grâce même en Eurydice. Magnifiques aussi sont les danseurs qui dansent Furies et Cerbères et l’Amour tout en finesse de Muriel Zusperreguy.
Ceux qui n’ont pas vu le spectacle pourront se consoler avec un DVD au livret superbement illustré enregistré en 2008 avec la distribution de l’époque : Yann Bridard, Marie-Agnès Gillot et Miteki Kudo (1 DVD cartonné Bel Air Classique).
Ballet de l’Opéra de Paris, tél. 0892.89.90.90 et www.operadeparis.fr. Prochain spectacle : « la Bayadère », chorégraphie de Noureev, du 7 mars au 15 avril.
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