Deux expositions à Paris

Oscar Wilde, Baudelaire et l'art

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Publié le 13/10/2016
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Art-Wilde

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Crédit photo : ART GALLERY OF ONTARIO

L’Irlandais Oscar Wilde suit à Oxford les cours de John Ruskin, engagé dans le courant Arts and Crafts, et, très vite, se forge une réputation de poète et d’esthète, surtout après avoir rendu compte de l’exposition de la Grosvenor Gallery en 1877, la première qui s’oppose à l’académisme ambiant. Il encense les préraphaélites, Hunt, Burne-Jones, Watts, et est réservé quant à Tissot et Whistler.

Après une tournée de conférence, en 1882 aux États-Unis, sur le beau en général et les arts décoratifs en particulier, Wilde vit entre Paris et Londres et se marie. Il est  journaliste, rédacteur en chef d’un magazine féminin, « The Woman’s World », conférencier recherché et auteur à succès (« Une femme sans importance », « Un mari idéal »…). Il publie un seul roman, en 1891, « le Portrait de Dorian Gray ». Tandis que sa tragédie « Salomé », illustré par le jeune Aubrey Beardsley, dont certaines planches sont refusées pour indécence, est interdite à Londres.

Entre-temps, l'écrivain a rencontré Alfred Douglas, dont le père le provoque, ce qui aboutit à un procès ; Wilde est attaqué pour ses « actes obscènes » et pour son œuvre littéraire immorale. Suivent deux années de prison, avec une lettre à son amant, publiée sous le titre « De Profundis », et un poème, « la Ballade de la geôle de Reading ». Oscar Wilde passe ses dernières années à Paris, où il meurt ; il est enterré au Père-Lachaise.

Au Petit Palais, 200 pièces retracent ce parcours, tableaux, manuscrits et objets personnels, avec des inédits, comme une très belle lettre à sa femme, la carte à l’origine du procès…

Delacroix et l'école moderne

L'exposition du musée de la Vie romantique consacrée à Baudelaire propose un dialogue entre ses ouvrages de critique d'art, les « Salons » (publiés en 1845, 1846, 1855 et 1859), et les œuvres de son temps. Le poète est à la recherche d’un nouveau romantisme, moderne et contemporain, qui associe « intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l’infini », dans la suite de Delacroix. Il considère ce dernier comme « le chef de l’école moderne » et lui consacre un livre, en 1863, « l’Œuvre et la Vie d'Eugène Delacroix ».

Baudelaire rejette le peintre officiel Horace Vernet, les élèves d’Ingres, les portraitistes Lehman, Flandrin, Amaury-Duval. Il apprécie Decamps, Catlin et les caricatures de Daumier, alors qu’il est nostalgique du vieux Paris. Ami de Nadar, il estime que la photographie, ce nouveau medium, ne saurait « empiéter sur le domaine de l’impalpable et de l’imaginaire ». Il ne comprend pas la modernité de Courbet et de Manet, auxquels il est aussi très lié, et c’est finalement un artiste « de second ordre », Constantin Guys, qui représente pour lui « la beauté moderne ».

Pour évoquer les goûts et les ambiguïtés de l’auteur des « Fleurs du mal », une centaine d'œuvres sont réunies.

 

 

– « Oscar Wilde. L'impertinent absolu », Petit Palais, jusqu'au 15 janvier. Du mardi au dimanche de 10 à 18 heures (21 heures le vendredi). Tél. 01.43.53.40.00, www.petitpalais.paris.fr
– « L’œil de Baudelaire », musée de la Vie romantique, jusqu'au 29 janvier. Tous les jours sauf le lundi de 10 à 18 heures. Tél. 01.55.31.95.67, www.museevieromantique.paris.fr

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin: 9525