JAZZ-ROCK - Chanteurs et crooners

Paroles d’hommes

Publié le 22/04/2013
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Crédit photo : JESPER JUSTESEN

* Plus que jamais aujourd’hui, Jacques Higelin avoue sa fidélité à Charles Trénet. Lui, l’ex-baba folk devenu rockeur urbain violent – il faut se rappeler ses duos avec Brigitte Fontaine et Areski, voire sa collaboration free jazz avec l’Art Ensemble of Chicago il y a plusieurs décennies –, se fait le chantre de l’esprit du merveilleux baladin dans son nouvel album, « Beau repaire » (Jive Epic/Sony Music). Après « Coup de foudre » en 2010, dans lequel il abordait la mort et la crise, sa nouvelle production est faite de textes passionnés et passionnants et de belles mélodies. Douze titres, dont le très évocateur « Duo d’anges heureux », enregistré avec l’actrice Sandrine Bonnaire, qui sont soit des invitations au voyage sous forme de carnet de route, soit tout simplement des poèmes oniriques mis en musique. Un beau repaire qui annonce le retour des beaux jours de la chanson française dans ce qu’elle a de plus authentique et de véridique, le tout ancré dans la tradition du mot et du verbe et les racines séculaires.

* Jongleur vocal, Bobby McFerrin, dans un tout autre genre, effectue lui aussi un retour aux sources avec son dernier CD, « Spirityouall » (Sony Music). Créateur d’un tube planétaire, « Don’t Worry, Be Happy », dans les années 1980, il avait défié la planète jazz vocal, notamment, grâce à des registres vocaux détonants et en se jouant des styles, évoquant aussi bien les plus grands jazzmen que la musique classique ou encore la soul et le funk. Dans son dernier opus, il rend à la fois hommage aux negro spirituals de sa jeunesse vocale et à son père, le chanteur d’opéra Robert McFerrin. Treize titres, dont sept traditionnels, parmi lesquels le fameux « Swing Low », une reprise de Bob Dylan et cinq compositions originales. Et sur deux titres, la présence de la jeune bassiste et chanteuse Esperanza Spalding, l’une des révélations jazz de ces dernières années et chouchoute de Barack Obama. Un bel album, dans lequel McFerrin réinvente et se réapproprie l’histoire du gospel.

* Le jazz et la musique populaire ont toujours affectionné les crooners. Passés de mode durant des années, le style et ses artisans sont revenus sur le devant de la scène, grâce notamment aux Anglais. Dernier en date parmi les éphèbes vocaux, Anthony Strong. À moins de 30 ans, le jeune chanteur et pianiste, originaire du sud de Londres, sait comment brûler les planches et faire vaciller les cœurs, grâce à une voix de velours, quelque peu musclée quand même, et un répertoire ad hoc. « Stepping Out » (Naïve) est l’archétype du genre : un savant mélange entre les standards (Cole Porter, Irving Berlin, Kurt Weill-Ira Gershwin), les compositions personnelles et même Stevie Wonder, le tout soutenu par des cuivres et des cordes. Un sympathique produit très swing de sa gracieuse majesté, qui sera sur scène au New Morning à Paris le 25 avril (www.newmorning.com).

* Peter Cincotti, né à New York, moins de 30 ans lui aussi, joue du piano et chante, s’inspire d’Harry Connick Jr. et affectionne le swing. Cependant, dans son dernier disque, « Metropolis » (Heads Up), le jeune homme flirte davantage, grâce à douze compositions originales, avec la pop, le rock et le funk, dépassant ainsi largement les frontières du jazz et celles d’un simple crooner. Une double vie artistique qui a un certain charme et conjugue parfaitement l’air musical du temps. À apprécier en live le 26 avril à l’Olympia de Paris (www.olympiahall.com).

DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9236