CLASSIQUE - « Otello », de Verdi, sur DVD

Performances historiques

Publié le 21/05/2013
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ON PEUT DIRE que la production réalisée par Franco Zeffirelli pour le Metropolitan Opera de New York a été amortie et a fait de l’usage. L’esthétique du Met est tout entière dans ces maquillages outrés, conçus pour être vus de loin, ces moumoutes invraisemblables, ce vilain carton-pâte, bref, tout sauf le naturel ! En 1978, deux monstres sacrés se confrontaient dans « Otello » : le ténor canadien Jon Vickers et le soprano italien Renata Scotto, alors au faîte de leur carrière. Ce fut aussi une des premières soirées à connaître la diffusion dans l’Amérique entière. Historique, donc, et à double titre. Le reste de la distribution n’est pas épatant mais voir Vickers et Scotto se déchirer, c’est une première au DVD et la direction du jeune James Levine est électrisante (1 DVD, Sony/Metropolitan Opera ).

Encore plus historique, en un sens, le document en noir et blanc du film pour la télévision d’« Otello » réalisé en 1962 au Deutsche Oper Berlin, bâtiment fraîchement construit dans la ville occupée et divisée. Après « Don Carlos » et « Don Giovanni », c’est le troisième document qui nous parvient des riches saisons de l’après-guerre berlinois. Il faut passer sur le play-back et sur le fait que les chanteurs chantent en italien et le chœur… en allemand. Mais c’est un des rares témoignages filmés de l’immense Renata Tebaldi, Desdémone inoubliable, captée ici un peu tardivement, hélas ! Une de ses deux seules prestations dans cette ville et événement national grâce à la télévision. Face à elle, on est surpris de découvrir qu’Hans Beirer, ténor cantonné aux rôles wagnériens, est un fin et valeureux Otello. Beau Iago de William Dooley et, dans le rôle d’Emilia, la suivante de Desdémone, Sieglinde Wagner. Giuseppe Patané dirigeait avec brio cette soirée historique miraculeusement sauvée par cette parution (1 DVD, Arthaus Musik). Pour amateurs éclairés.

OLIVIER BRUNEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9243