NOUS N’AVIONS pas rendu compte en 2007, lors de la première de cette production de « Tannhäuser », de la mise en scène de Robert Carsen coproduite avec l’Opéra de Tokyo. L’œuvre avait été donnée en version de concert, ou plutôt sans décor, avec une mise en scène simplifiée qui n’augurait rien de bon et donnait envie de se cantonner au plaisir musical du spectacle. Seiji Ozawa était dans la fosse et galvanisait l’orchestre de façon passionnante à analyser. Deux interprètes faisaient à eux seuls l’essentiel du succès de la soirée : Stephen Gould et Mathias Goerne. Le reste, on l’a oublié. Quatre ans après, cette reprise fait office de nouvelle production, la mise en scène ayant été épargnée par les grévistes, focalisés pour l’instant sur « Faust ». Carsen postule que Tannhäuser n’est point le troubadour de la légende du Venusberg, mais un peintre. De ce postulat dérive une mise en scène à côté et même a contrario du sens profond du drame. Même s’il comporte quelques moments forts par l’exploitation des masses chorales et la direction d’acteurs, l’ensemble est un absurde contresens à classer au nombre grandissant des mauvais spectacles du metteur en scène canadien.
Mais pour la partie musicale, ce « Tannhäuser » mérite largement le déplacement (et la dépense), car ce n’est pas tous les jours que l’on a sur le même plateau deux monstres sacrés dans les rôles principaux. Nina Stemme, pour ses débuts à l’Opéra de Paris, avec une voix immense, saine, qui sort de la façon la plus franche et projetante possible, est une Elisabeth remarquable qui réussit à faire oublier, par la seule expression de son visage, le fait qu’elle doive jouer dans un imperméable de nylon mauve… Christopher Ventris, pour son premier Tannhäuser, est un de ces acteurs nés qui, sans un jeu très raffiné ni un timbre très beau, réussissent à faire de leur masse physique un atout de force dramatique et de leur voix une puissance ensorcelante.
Parmi ce plateau royal et international, deux Français brillaient : Sophie Koch, Vénus à la voix sereine, et Stéphane Degout, Wolfram à la ligne de chant exemplaire, et avec, sinon le volume suffisant pour Bastille, une ferveur et une qualité de timbre en constant progrès. Le chef britannique Mark Elder ne fait pas oublier Ozawa mais tient l’orchestre sous une tension théâtrale très efficace et fait valoir sans les surexposer leurs qualités individuelles. Un grand moment de musique.
Opéra de Paris-Bastille (tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr), jusqu’au 29 octobre. Prix des places : de 15 à 180 euros. Prochain spectacle : reprise de « Lulu », de Berg, du 18 octobre au 5 novembre.
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