Heureuses les jeunes générations, qui peuvent découvrir dans la fraîcheur de leurs premiers jours et leur éternelle modernité les œuvres réalisées au siècle dernier par Merce Cunningham ! « Walkaround Time », créé à Buffalo en 1968, n’avait, comme les deux œuvres de Forsythe qui composent cette soirée, jamais été présenté à l’Opéra de Paris.
Le titre se réfère au temps que mettait (aujourd’hui c’est infinitésimal) un ordinateur à digérer les données qu’on lui fournissait. Le montage musical est de David Behrman et le substrat en est une œuvre complexe (installation muséographique et textes) de Marcel Duchamp, « La Mariée mise à nu par ses célibataires, même » (encore appelée « le Grand Verre »). Heureusement, cela ne se ressent pas trop dans la danse, qui est ce que Cunningham a fait de plus clair et fluide et que les jeunes danseurs du BOP interprètent avec une fraîcheur épatante.
Présentée sur un plateau vide et noir occupé par les répliques transparentes de l’œuvre de Duchamp, la pièce comporte sept parties bien distinctes, avec une alternance de moments de danse pure et d’autres où les danseurs se reposent en tenue de coulisse. À la fin, quand les textes de Duchamp ont été lus par plusieurs voix spatialisées, on a senti l’attention du public se crisper. L’accueil a été partagé entre enthousiasme et huées. Le spectacle méritait mieux, car, souvent, les tentatives de résurrection de ce genre de monument de la postmodernité américaine se soldent par des résultats poussiéreux.
Distrayant et bariolé
Les deux pièces de Forsythe ont été beaucoup mieux accueillies. Elles font partie des œuvres les plus distrayantes du chorégraphe. « Trio », créé à Francfort en 1966, met en scène trois danseurs sur le second mouvement du « Quatuor n°15 » de Beethoven, aussi déstructuré que se veut la danse de Forsythe. Ils commencent par exhiber muscles et articulations, avant de créer une sarabande qui reprend ces figures dans un numéro de danse compliqué se jouant des points d’appuis et des lois de la pesanteur.
Dans de beaux costumes bariolés de Stephen Galloway, Eléonore Guérineau, Maxime Thomas et Hugo Vigliotti ne font qu’une bouchée de cette chorégraphie complexe. Tout comme de celle d’« Herman Schmerman », pièce virtuose composée pour le New York City Ballet en 1992, complétée quelques mois plus tard par un duo pour le Ballet de Francfort.
Les beaux costumes de Gianni Versace et les éclairages sophistiqués de Tanja Rühl donnent un plus à cette savante chorégraphie sur une musique de Tom Willems, un allegro, moins agressive que celle de ses grandes pièces. À un quintette extrêmement véloce et construit sur tout ce que l’on peut imaginer de syncopal et décalé, succède un duo, pas de deux assez peu classique, sans le substrat de romantisme lié au genre. Dansé par Amandine Albisson et Audric Bezard, il couronne cette magnifique pièce, emblématique de la production du chorégraphe.
Ce passionnant programme sera complété par un solo du danseur étoile Jérémie Bélingard pour les représentations des 7, 9, 12 et 13 mai, à l’occasion de ses adieux à la scène.
– Palais Garnier jusqu’au 13 mai. Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr
– TAP de Poitiers du 18 au 20 mai, www.tap-poitiers.com
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