PAR LE Dr BRIGITTE DANCHIN*
Je lui fais peur.
Je lui montre qu’un patient en surpoids, voire obèse, est beaucoup plus à risque qu’un patient de poids normal : plus à risque de développer un diabète, une hypertension artérielle, une dyslipidémie (triglycérides et cholestérol), et donc plus à risque de boucher une artère coronaire ou une artère cérébrale. S’il a déjà fait un infarctus, il est déjà sensibilisé. J’en rajoute en lui décrivant le drame de l’accident vasculaire cérébral.
Je mets en place mes critères de surveillance.
Je le pèse. Je mesure son périmètre abdominal (ou son tour de taille). J’évalue son indice de masse corporelle (IMC, poids divisé par taille au carré).
On sait aujourd’hui que l’augmentation de la graisse intra-abdominale, représentée par le périmètre abdominal, est associée à un risque métabolique et cardio-vasculaire accru.
On estime que pour un homme, le risque est avéré pour un périmètre abdominal supérieur ou égal à 98 cm et qu’il est élevé s’il est supérieur ou égal à 102 cm, respectivement, 80 et 88 cm pour une femme. L’IMC est normal entre 20 et 25. On est en surpoids entre 25 et 30 et obèse au-delà de 30, avec des degrés ensuite dans l’obésité.
Je mets en place mes conseils diététiques.
Je lui conseille de manger de tout, aux bons moments et dans les bonnes proportions.
De tout. Cinq portions de fruits et légumes, 3 portions de laitages, 2 portions de sucres lents ou de féculents par jour, comme le recommande le PNNS (Programme National Nutrition Santé), 2 poissons maigres et 2 poissons gras par semaine, comme le recommandent les cardiologues, et pour l’assaisonnement, 2 cuillères à café d’huile par repas. Le patient doit boire environ un litre et demi de boisson non sucrée par jour (le corps humain est fait à 70 % d’eau, on évitera grâce à cela les constipations et les infections urinaires, et plus on boit, moins on mange).
Pour les non-addicts, la femme peut boire deux verres de vin par jour et l’homme trois.
Les fruits apportent les vitamines, le potassium, le magnésium, les flavonoïdes, les fibres et les glucides et les légumes verts les folates (vitamine B9), la vitamine B12, le potassium, le magnésium, les antioxydants, le bêtacarotène et les fibres. Les féculents apportent les fibres, des protéines et les glucides.
Le sodium est présent dans pratiquement tous les aliments, en particulier dans les produits industriels. Sa consommation reste excessive en France ; 5 g par jour sont largement suffisants. Attention en particulier pour le coronarien hypertendu. Un conseil pratique : pas de salière à table et limitation de certaines eaux gazeuses (préférer Perrier et Salvetat à Vichy).
Aux bons moments. Dans l’idéal, je conseille un vrai petit déjeuner (des céréales, un laitage, un fruit ou une compote ou un jus de fruit 100 % pulpe), une collation vers 10 ou 11 heures (moment où l’on ressent classiquement une hypoglycémie et où un fruit ou un laitage sont les bienvenus), un déjeuner varié (on commence par une crudité, puis une protéine, puis un féculent en quantité identique à un légume vert, puis un dessert (fruit ou laitage ou fromage), puis un goûter vers 16 ou 17 heures si le besoin s’en fait sentir (et pourquoi pas deux carrés de chocolat noir !), puis un dîner, varié lui aussi, mais où on allégera la portion de féculents et où l’ on évitera le pain et le fromage.
Dans les bonnes proportions : en fonction de sa corpulence, de son sexe et de son degré de sédentarité, chacun adaptera ses quantités. Le but du jeu est de manger plus souvent pour manger moins et de manger plus lentement pour manger moins. J’apprends à mon patient à être à l’écoute de sa faim et de son corps. Je n’ai plus faim : je ne suis pas obligé de finir mon assiette !
Je mets de l’exercice physique dans sa vie.
Il n’y a pas de bien manger sans bien bouger. Notre dépense d’énergie se fait en majeure partie grâce à nos muscles. J’ai un dicton : « tu ne bouges pas, tu fais du gras ! ».
Si le patient a fait un infarctus, il est en réadaptation et il est rassuré de l’être. Il est convaincu de base du bien-fondé de l’exercice physique.
S’il n’a pas bouché une artère, cela peut être plus compliqué de « caser » un exercice physique dans son emploi du temps.
Tout est bon à prendre, du moment que la pratique est modérée et régulière.
En fonction de ses disponibilités, de son âge, de ses envies, cela va de la marche tous les jours jusqu’au tennis, au ski et au jogging, en passant par la danse, le vélo, la piscine, la tonte de la pelouse, la promenade du chien, etc. L’essentiel est qu’il ne s’ennuie pas et que cet exercice soit un plaisir.
Quoi qu’il en soit, au quotidien, on n’hésite pas à monter les escaliers à pied et à laisser les ascenseurs et les escalators à ceux qui ne peuvent pas faire autrement.
Je suis présente pour lui tous les jours.
Il a une maladie chronique qui peut mettre en jeu son pronostic vital. Nous avons donc un projet à long terme (six mois à un an), un projet de rééducation.
Il a mon portable, mon mail et mon blog et je lui demande de ne pas hésiter à me joindre s’il est en difficulté, s’il a un doute, s’il a envie d’engloutir trois babas au rhum.
Il doit bien manger et bien bouger dans le plaisir, ce qui n’est pas une mince affaire (sans mauvais jeu de mots !) et il doit donc se sentir soutenu « pour de vrai ».
Je n’hésite pas à faire appel à d’autres spécialistes si besoin (psychiatres, kinésithérapeutes, masseurs, acupuncteurs, hypnotiseurs, dermatologues....., tous ceux qui peuvent m’aider à traiter des problèmes de fond, de mal-être, de mésestime de soi.).
* nutritionniste, Paris.
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