Auteure majeure de la scène littéraire islandaise (« Ultimes rituels », « Je sais qui tu es », « Indésirable »), Yrsa Sigurdardottir donne, avec « ADN » (1), le premier volet d’une série mettant en scène une psychologue et un officier de police. Ils doivent ici recueillir le témoignage d’une fillette de 7 ans murée dans le silence après qu’elle a assisté à l’horrible assassinat de sa mère. Le meurtrier, qui semble s’amuser à délivrer comme indices d’étranges suites de nombres, hante les rues de Reykjavík en attendant de tuer à nouveau. Élu meilleur roman policier de l’année au Danemark et en Islande.
« Chacun sa vérité », premier volet de la tétralogie « Kouplan », du nom de l’autoproclamé « détective » imaginé par la Suédoise Sara Lövestam, a reçu le prix de l’Académie suédoise des auteurs de polars 2015 et le grand prix de Littérature policière 2017. C’est dire que la suite était attendue, avec ses personnages en marge ou en quête d’identité qui mettent en lumière les enjeux de la société. Dans « Çà ne coûte rien de demander » (2), le pauvre privé, réduit à collecter des canettes vides afin de les revendre pour quelques sous, est embauché par une conseillère municipale du quartier huppé de Lidingö qui vient de se faire escroquer.
Le pot de terre contre le pot de fer est le thème, évidemment d’actualité, du nouveau roman du prolifique Jean-Bernard Pouy, « Ma Zad » (3). Le premier s’appelle Camille, un quadra qui a hérité de ses parents une petite ferme dans le nord de la France, plutôt favorable à la production bio ; le second comprend la famille Valter, les potentats locaux qui usent de tous les moyens, surtout illégaux, pour continuer à régner. Comment, lorsqu’on est un personnage ordinaire et de bonne foi mais malmené par les puissants, ne pas franchir les bornes de la stricte légalité ?
Première incursion de Gilles Sebhan dans le roman noir, « Cirque mort » (4) évoque la disparition de trois enfants, lesquels avaient découvert le massacre à la hache des animaux d’un cirque installé près de la ville. Deux corps mutilés ont été retrouvés, mais pas celui du fils du lieutenant Dapper, qu'une lettre anonyme mène au centre hospitalier où sont accueillis de jeunes psychotiques. Il est prêt à tout pour retrouver son enfant, y compris à ne plus incarner la raison et la loi.
Espionnage et menace mondiale
Le suspense se décline aussi sous la forme du roman d’espionnage. Dans « la Vérité même » (5), on suit la cavale d’une ex-tueuse de la CIA devenue lanceuse d’alertes avec sa fillette, des neiges du Vermont à la jungle thaïlandaise, pour échapper à la vengeance d’un ancien collègue. James Rayburn (un pseudonyme) a trouvé là une façon de renouveler le genre, avec des portraits d’agents secrets qui n’en sont pas moins des hommes et des femmes « presque » comme tout le monde.
Signé du cinéaste allemand Andreas Pflüger, « Irrévocable » (6) met en scène une héroïne hors du commun, devenue aveugle cinq ans auparavant lors d’une opération de police qui a mal tourné. Ayant perdu dans le même temps son amour et son honneur, elle excelle désormais dans les interrogatoires. Ce qui va la conduire auprès d’un mystérieux détenu qui serait prêt à parler, mais à elle seule. Pour comprendre rapidement que l’accident qui lui a coûté la vue n’est qu’un prologue, avant de devoir perdre la vie.
Il s’en passe de drôles à Promise Falls, une petite ville de province tranquille où l’on déplore soudainement des agressions répétées sur le campus, le kidnapping d’un nourrisson, la pendaison de 23 écureuils et l’éventration d’une femme. Un journaliste déprimé et un inspecteur faussement débonnaire s’unissent pour éclaircir ces mystères. « Fausses promesses » (7) est le premier volet d’une trilogie consacrée à la surprenante bourgade américaine imaginaire, par le maître du thriller Linwood Barclay.
Ingénieur de formation qui a commencé à écrire au cours de ses déplacements professionnels, Jacques Vandroux, d’abord autoédité en ligne (quatre best-sellers numériques et 400 000 lecteurs conquis), a cédé aux sirènes de l’édition papier et publie un nouveau thriller ésotérique, « le Sceau des sorcières » (8). Le nom donné au tatouage que portent plusieurs victimes de meurtres atroces. Pour comprendre ce qui les relie, il faudra exhumer les secrets du passé, dont certains impliquent même le Vatican.
Se situant à la croisée des changements géopolitiques et des risques informatiques, « Sept jours avant la nuit » (9) nous plonge au cœur de la faille qui pourrait mettre fin à notre civilisation. Analyste des questions de stratégie et de cyberdéfense, Guy-Philippe Goldstein (« Babel Minute Zéro ») imagine qu’un groupuscule d’extrême droite hindou a réussi, en piratant le système informatique d’un dépôt d’uranium, à fabriquer une bombe atomique et qu’il menace de faire sauter une grande ville quelque part dans le monde. Il ne reste plus que 7 jours pour éviter le désastre. Un scénario crédible et documenté, un compte à rebours efficace et glaçant. Excellent.
(1) Actes Sud, 413 p., 23 €
(2) Robert Laffont, 381 p., 21 €
(3) Gallimard, 194 p., 18 €
(4) Rouergue, 148 p., 17,50 €
(5) Calmann-Lévy, 410 p., 21,90 €
(6) Fleuve Noir, 538 p., 20,50 €
(7) Belfond, 505 p., 21,90 €
(8) Robert Laffont, 548 p., 20 €
(9) Gallimard, 645 p., 22,50 €
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