Dans la masse des prix, le Goncourt des Lycéens, décerné depuis 1988 par 2 000 jeunes, émerge comme une autre exception, puisque, avec 443 000 exemplaires vendus en moyenne, il rapporte plus d’argent que le Goncourt, attribué depuis 1903 par un jury distingué mais plus âgé.
Le 30e prix Goncourt des Lycéens a été décerné à Alice Zeniter pour « l’Art de perdre » (Flammarion). Une écrivaine déjà plusieurs fois primée (pour « Sombre dimanche », « Juste avant l’oubli », « Jusque dans nos bras ») et un livre présent dans les meilleures ventes romans dès sa parution. Dans « l’Art de perdre », elle rompt le silence qui pèse sur sa famille et revient sur ses origines algériennes dans une fresque où le destin de trois générations, depuis son grand-père harki, navigue entre la France et l’Algérie.
Créé à l’image du précédent en 1992, le prix Renaudot des Lycéens est revenu à Kaouther Adimi pour « Nos richesses » (Seuil). La jeune auteure, 31 ans, qui est née à Alger et vit à Paris, rend hommage au libraire et éditeur algérois Edmond Charlot, un homme déterminé à promouvoir des écrivains de talent de la Méditerranée sans distinction de langue ou de religion ; elle alterne les scènes entre l’Alger d’aujourd’hui et celui des années 1930.
Fondé en 1994 pour récompenser un jeune auteur au talent jugé prometteur, le prix de Flore a consacré cette année deux ex aequo, chacun pour son quatrième livre. Pierre Ducrozet est distingué pour « l’Invention des corps » (Actes Sud), qui retrace le parcours d’un jeune professeur mexicain jusqu’à une Silicon Valley donnant dans le transhumanisme, après qu'il a survécu aux événements d’Iguala en 2014, l'enlèvement et l'assassinat de 43 étudiants. Johann Zarca est primé pour « Paname Underground » (Goutte d’Or), dans lequel il raconte les coulisses du guide des bas-fonds parisiens qu’il s’est mis en tête de rédiger, jusqu’à ce que, victime d’une tentative de meurtre, sa virée se transforme en traque.
Premiers romans
Deux premiers romans ont été mis à l’honneur par le prix Wepler-Fondation de la Poste, qui a pour vocation de donner une chance de plus aux lauréats pour exister sur la scène littéraire. Le prix est revenu à Guillaume Poix pour « les Fils conducteurs » (Verticales), qui aborde les rapports Afrique-Occident à travers la rencontre d’un photographe français et d’un gamin ghanéen qui travaille dans une décharge de produits électroniques dans la banlieue d’Accra. Et la mention spéciale, destinée à une œuvre marquée par une singularité échappant à toute visée commerciale, à « la Fin de Mame Baby » (Gallimard), de Gaël Octavia, le destin croisé de quatre femmes au cœur d’une petite ville de banlieue.
Le lauréat du prix du Premier Roman est Jean-Baptiste Andrea, réalisateur (« la Confrérie des larmes ») et scénariste ( Hellphone »), pour « Ma Reine » (L’Iconoclaste). Un récit étonnamment pictural qui immerge en Provence, à l'été 1965. Alors qu’il s'enfuit de la station-service parentale dans la Vallée de l’Asse pour aller à la guerre – pour devenir un homme –, un jeune ado paumé rencontre Viviane, qui l’amène dans un monde où rêve et réalité se confondent, tandis qu’il balance entre se réfugier dans l’enfance et se confronter à l’âge adulte.
Le prix du Premier Roman étranger a, quant à lui, été attribué à la Viennoise Katharina Winkler pour « les Bijoux bleus » (Jacqueline Chambon). D'après une histoire vraie, le livre évoque l’existence tragique d’une jeune fille de la campagne turque, à Istanbul et en Autriche, après qu'elle a épousé par amour, à l'âge de 13 ans, un séduisant jeune homme qui s'est révélé très vite une sorte de bourreau ordinaire.
Créé il y a seulement deux ans, le Grand Prix de littérature américaine a honoré Richard Russo (prix Pulitzer en 2002 pour sa saga « le Déclin de l’empire Withing »), qui, pour son dixième livre, « À malin, malin et demi » (Quai Voltaire), est revenu à l’univers de son tout premier, « Un homme presque parfait » (adapté au cinéma avec Paul Newman). On y retrouve, dix ans après, les deux figures locales de North Bath, le vieux Sully, qui doit ménager son cœur malade, et le chef de la police Douglas Raymer, confronté à une succession d’événements improbables et mouvementés : deux antihéros parmi d’autres comparses aussi cabossés, qui incarnent toutes les frustrations et les désillusions de l’Amérique profonde.
Le prix du Quai des Orfèvres était donné au mythique 36, quai des Orfèvres depuis 1946. Il a été remis, dans les nouveaux locaux de la PJ au 36, rue du Bastion dans le 17e, à Sylvain Forge pour son roman « Tension extrême » (Fayard). L’intrigue est à peine futuriste, lorsque des cyberattaques paralysent la PJ de Nantes (où vit et travaille l’auteur), infiltrent l’intimité des policiers et cernent une ville où le moindre objet connecté peut devenir une arme mortelle. Une jeune commissaire à peine sortie de l’école et son adjointe issue du « 36 » affrontent cette nouvelle menace de la science, complice du crime.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série