L'originalité de cette révolution, dit l'auteur, est « qu'elle n'a été ni prévue ni voulue. L'humanité y est sujette plutôt qu'elle n'en est le sujet ». Elle ne ressemble donc pas à un projet de type communiste, ni à l'énervement sarcastique de Nietzsche dénonçant une morale des esclaves dans le christianisme.
Simplement, nos sociétés numérisées subissent le « choc du futur » dont parlait naguère Alvin Toffler, et les valeurs traditionnelles issues de la morale chrétienne sont mises à mal. Cette dernière est de plus en plus remplacée par l'éthique : il n'y a plus de grands impératifs catégoriques, plus de Décalogue, seule permane la nécessité d'être en harmonie avec le monde.
Le Mal lui-même, en tant qu'il relevait d'une sanction, ou au moins d'un reproche, n'a plus beaucoup de sens. Partant, la notion de péché, mortel ou véniel, a un petit air démodé. Vous venez de mal vous comporter à l'égard d'autrui, pas besoin de réciter quelque « Confiteor », le droit peut régler cela. Ou à défaut la neurologie.
Christian Godin analyse longuement la différence entre les péchés et les vices, ces derniers étant constitutifs, moralement neutres, alors que le péché suppose une adhésion volontaire au mal. C'est le sens donné par Kant à l'expression de « mal radical », qui signifie « aux racines » même de l'homme, c'est-à-dire inséparable de notre liberté, par où est annoncé l'existentialisme sartrien.
La seconde partie du livre passe en revue ces fameux péchés, le « Septénaire ». On y découvre que certains péchés mènent à d'autres, on voit le lien qu'il peut y avoir entre l'orgueil et la colère, par exemple, surtout si on fait un petit détour par l'envie et la jalousie. De mauvais esprits verront même un possible rapprochement entre la gourmandise et la luxure.
Si la forme prise par l'auteur de « la Philo pour les nuls » est alerte, le fond pose question. On peut s'étonner qu'il enfonce en quelque sorte une porte ouverte, puisqu'il dit et répète que la notion de péché ne signifie pas grand-chose aujourd'hui, y compris pour un clergé soucieux d'être dans l'air du temps. À qui reprocherait-on aujourd'hui d'être orgueilleux ?
Un inquiétant épilogue clôt pourtant cette réflexion. Christian Godin prend terriblement au sérieux ces petits péchés. Pour lui, non seulement ils incarnent des forces dominantes dans notre monde actuel, mais ces mêmes forces tendent inexorablement à le détruire.
Christian Godin, « Ce que sont devenus les péchés capitaux », Cerf, 224 p., 20 €
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