CORTOT a fondé en 1919 l’École normale de musique. Il n’a jamais cessé d’enregistrer, depuis l’époque des rouleaux et du 78 tours jusqu’à l’enregistrement acoustique. Quasiment tous les pianistes qui lui ont succédé tombent d’accord sur le fait qu’il est pour eux le plus bel exemple. Pour apprécier cette édition anniversaire, il faut être fanatique de piano et de l’histoire de l’interprétation et être prêt à entendre un certain nombre de fois, dans des prises étalées entre 1919 et 1959, les œuvres phares et de prédilection du pianiste : la « Sonate n°2 » de Chopin, ses quatre ballades, ses préludes et études, sa « Tarentelle », le « Children’s Corner » et les préludes de Debussy, les « Papillons » de Schumann, l’étude « La Leggierezza » de Liszt, le Concerto de Schumann, les « Variations symphoniques » de Franck, bref son répertoire de prédilection.
De toutes les étapes de cet abondant coffret, si les prises du début sont à peine acceptables pour le son (les rouleaux ont été écartés de la sélection), dès 1926 cela devient bien meilleur, et carrément bien à partir de 1930. Le travail de remastering effectué sur ce plan a été exemplaire d’autant qu’il a été supervisé par Guthrie Luke, ancien disciple de Cortot et témoin de nombreuses séances d’enregistrements à l’époque.
De ces 40 CD, on connaissait déjà un bon nombre d’enregistrements, publiés surtout en microsillons (la collection « les Introuvables » nous avait révélé les « Concertos Brandebourgeois » de Bach et la musique de chambre avec Thibaud et Casals ainsi que Cortot accompagnateur de Maggie Teyte). De nombreux inédits viennent s’y ajouter, notamment des pièces de Schumann, des Chopin et surtout une myriade de petites pièces d’Albeniz, Fauré, Mendelssohn, Franck, jamais encore éditées. À la fin des années 1950, un projet d’intégrale de sonates de Beethoven n’avait pas abouti. Ici est restitué tout ce qui avait été enregistré, quitte à compléter, pour quelques sonates inachevées (« les Adieux », « Appassionata »…), par des extraits de leçons d’interprétation avec exemples au piano.
On peut se perdre dans ce monument parmi les redites, elles constituent en fait une évolution dans son art de l’interprétation. Choix personnel : les préludes de Debussy de 1930 (CD 9), « Sonatine » de Ravel de 1931 (CD 9), le formidable « Carnaval » et les « Études symphoniques » de Schumann de 1928 (CD 7), l’époustouflante « Sonate n°3 » de Chopin et ses préludes (CD 11), le « Concerto brandebourgeois n°5 » de 1932, que Cortot dirige du piano et où il se lance dans une ébouriffante cadence (CD 36).
Comment ne pas s’extasier devant le naturel, la sonorité magnifique, le phrasé quasi improvisatif, l’instinct musical infaillible et la dimension intellectuelle et spirituelle d’un tel artiste ? Seule ombre au tableau, son attitude pendant l’Occupation…
Alfred Cortot Anniversary Edition (Enregistrements 1919-1959), 1 coffret cartonné de 40 CD, EMI Classics. Livret de 80 pages abondamment illustré.
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