De tout temps, l'homme a cherché à personnifier ses sensations dans un dialogue avec son environnement immatériel, les esprits par exemple. Aujourd’hui, entouré d’un monde qu’il a peuplé avec l’intelligence artificielle et les robots, se pose la question des choix et des limites à instaurer avec eux. Avec 230 œuvres l’exposition « Persona » du musée du Quai Branly associe toutes les cultures, la science, la psychologie, les croyances, les arts premiers et les créations contemporaines.
Dans la première section, « Il y a quelqu’un ? », on recherche les présences. Les hallucinations provoquées par le jeûne ou l’enfermement (les visions de saint Antoine). Nos interprétations : le rectangle est perçu comme plus agressif que le cercle dans des animations aléatoires des psychologues Heidrer et Simmel en 1944.
Puis, avec « Il y a personne ! », il y a une recherche d’identification à l’aide de valises pour les chasseurs de fantômes et d’esprits, de la machine d’Edison pour parler au mort, de l’accordéon galukogi du Congo pour détecter les coupables, de photos pour piéger les revenants.
« La vallée de l’étrange » explore les rapports d’empathie et de rejet que nous entretenons avec l’humain artificiellement recomposé (marionnettes, automates, prothèses…) et s’inspire de la théorie du roboticien japonais Mori dans les années 1970. Plus la créature nous ressemble, plus nous avons de l’empathie envers elle, mais passé un certain stade, c’est un malaise, voire un rejet qui apparaît.
Et finalement se pose la question du choix de notre environnement, concrétisée dans la « maison témoin ». La chambre à coucher est exemplaire. Elle associe, sous « les esprits du bois », un lit classique sur lequel est posée une peluche animale qui réagit à la voix et aux caresses et qui est actuellement testée auprès de personnes âgées. À son extrémité, le nkondi, dans lequel on enfonce un clou pour chasser les sorciers. Sur la console les amulettes phalliques, dans le placard la Love Doll japonaise articulée en silicone, et, en cas de solitude, le « Prototype de dispositif immersif cybersexuel haptique » de Yann Minh. Où est donc l’être humain dans cet environnement ?
L'art de l'épure des Senufos
Grâce au réseau Frame, qui établit des échanges entre 30 grands musées français et américains, Montpellier présente 160 masques, statues, objets, photographies Senufo des XIXe et XXe siècles, qui ont fait l’objet d’une exposition à Cleveland, aux États-Unis. Une très belle occasion de découvrir l’identité culturelle et linguistique de ces sociétés initiatiques (Poro, Sandogo…) du nord de la Côte d’Ivoire, qui se sont propagées aux Burkina Faso et Mali voisins.
Un art de l’épure reconnaissable à son unité de forme, taillée dans des bois polis par des artistes anonymes. Les figures humaines, dans leurs disproportions, favorisent le visage à l’ovale parfait avec les yeux en amande et des scarifications sur les joues. Collectionné dès le début du XXe siècle par l’avant-garde européenne (Picasso, Fernand Léger, Derain…), cet art a aussi séduit les photographes des années 1930, Walker Evans, Man Ray et de nombreux collectionneurs.
– Musée du Quai Branly, tous les jours sauf le lundi de 11 à 19 heures, jeudi, vendredi et samedi jusqu’à 21 heures. Jusqu’au 13 novembre. Tél. 01.56.61.70.00, www.quaibranly.fr.
– Musée Fabre Montpellier, tous les jours sauf le lundi de 10 à 18 heures.
Jusqu’au 6 mars. Tél. 04.67.14.83.00, www.museefabre.montpellier3m.fr.
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