Christine Angot, Olivier Adam, Mark Greene…

Retrouvailles douces-amères

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Publié le 24/09/2018
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L3- Federica Ber

L3- Federica Ber

L5- Chaque jour...

L5- Chaque jour...

L4- Minuit Vingt

L4- Minuit Vingt

L6- La Tête sous l'eau

L6- La Tête sous l'eau

L1- Un tournant de la vie

L1- Un tournant de la vie

L2- Le best of d'Adam Sharp

L2- Le best of d'Adam Sharp

Avec Christine Angot, l’auteure du livre à succès et à scandale « l’Inceste », le trio amoureux ne tire ni vers le drame ni vers le vaudeville, mais vers l’énervement. Énervement de la narratrice qui ne parvient pas à choisir entre Vincent, l’homme qu’elle retrouve par hasard après neuf années de silence, et son compagnon actuel Alex, mais aussi du lecteur qu’elle gave de mots tout en le laissant sur sa faim.

« Un tournant de la vie » (1) se situe certes à un moment crucial : le choix entre deux hommes qu’elle a aimés et qu’elle aime – qui sont aussi des amis et qui le resteront de toute façon. Mais l’auteure ne prend pas la peine de s’y arrêter. On sait seulement qu’Alex n’a pas d’argent, ce qui ennuie visiblement la narratrice. Celle-ci est présentée comme une écrivaine mais est tournée uniquement vers elle-même et ses hésitations. Le roman n’est construit quasiment que sur des dialogues, avec des phrases réduites au minimum et des mots banals, ceux qu’on emploie avec ses proches quand on est un peu fatigué. Ça fonctionne, on s’y retrouve… puis on s’ennuie. Jusqu’à ce que, dans les ultimes pages, la maladie se charge de mettre un terme à ces non-dits tellement bavards.

Réécrire l'histoire ?

Adam Sharp voit resurgir dans sa vie Angelina, avec qui il a vécu une relation passionnée vingt ans auparavant. Il jouait du piano dans un bar branché de Melbourne et elle espérait devenir actrice. Ils sont aujourd’hui tous les deux mariés et il travaille dans l’informatique. Va-t-il saisir sa chance de réécrire l’histoire ? Avec « le Best Of d’Adam Sharp » (2), l’Australien Graeme Simsion (à qui l’on doit le best-seller « le Théorème du homard » et « l’Effet Rosie », également connus sous les titres « Comment trouver la femme idéale » et « Comment devenir le père idéal ») a choisi de revisiter le thème de la crise de la cinquantaine sur fond de musique pop. Les amateurs peuvent ainsi accompagner leur lecture d’une cinquantaine de titres réunis dans une playlist !

« Federica Ber » (3), le cinquième roman du Franco-Américain Mark Greene (« le Ciel antérieur », « 45 tours »), nous transporte sur des sommets, des Alpes et de Paris et surtout de l’imaginaire. En lisant par hasard dans le journal l'histoire d’un couple d’architectes romains, retrouvés morts et attachés l'un à l'autre au pied d’une falaise des Dolomites, et qui avaient été vus en compagnie d’une certaine Federica Bersaglieri, le narrateur se souvient d’avoir connu, vingt ans auparavant, une jeune femme fantasque, notée dans un vieux carnet sous le nom de Federica Ber. Ils avaient passé plusieurs jours enchantés avant qu’elle ne disparaisse brusquement. Le triste solitaire qu'il est devenu veut en savoir plus, il mène l’enquête et commence à écrire. C’est ainsi qu’entre réalité et fantasmes se tissent les fils d’une histoire interrompue.

Brésil et Nigeria

Considéré comme l’un des écrivains brésiliens les plus importants de sa génération (« Paluche », « la Barbe ensanglantée »), Daniel Galera, 39 ans, situe « Minuit vingt » (4) à Porto Alegre, où il a grandi. Dans la ville écrasée par la chaleur et paralysée par une grève des transports, trois amis se retrouvent plus de vingt ans après s’être perdus de vue, après l’assassinat en pleine rue, pour un stupide vol de portable, du quatrième membre de leur bande. À l’occasion de ces retrouvailles, chacun raconte son histoire à la façon d’un puzzle, qui devient ainsi le portrait d’une génération entrée dans la vie adulte au début du XXIe siècle, à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, et qui pensait à tort que tout s’offrait à elle.

« Chaque jour appartient au voleur » (5) est un roman qui oscille entre le récit de voyage et le reportage intime. Son auteur, Teju Cole, est né aux États-Unis en 1975 et a grandi au Nigeria, d’où ses parents sont originaires. Résidant à New York depuis quinze ans, critique de photographie pour le « New York Times Magazine », il est retourné pendant trois semaines à Lagos, sa ville natale. Que l’on connaisse ou pas la ville et le pays, on se laisse emporter par ses descriptions de la mégapole africaine, par les scènes – amplifiées par des photographies prises lors du séjour – qui se succèdent et le regard tour à tour drôle, attendri et critique de l’auteur sur sa culture. Entre l’émotion de renouer avec son pays et la colère éprouvée face à son fonctionnement.

Auteur de nombreux romans depuis « Je vais bien, ne t’en fais pas » en 2000 (l’adaptation au cinéma a été primée aux Césars 2007), Olivier Adam écrit aussi pour les jeunes. Son dernier roman, « la Tête sous l’eau » (6), est paru dans une collection destinée aux ados et jeunes adultes mais ses qualités d’écriture et d’émotion le destinent à tous les publics.

Peu après que sa famille a quitté Paris pour une petite station balnéaire de Bretagne déserte hors saison, une adolescente disparaît. Le temps passe, on la croit morte. Fous d’angoisse et de culpabilité, les parents se déchirent, le jeune frère ne tient qu’en se battant contre les vagues. Puis Léa est retrouvée. Elle a été séquestrée, maltraitée. Commence pour la famille un autre cauchemar, car la jeune fille ne parle pas. Comment l’aider à se reconstruire ? Comment retrouver une vie normale ? Olivier Adam double ces questions fondamentales par d’autres suspenses, comme les messages de Léa à une certaine Chloé…

(1) Flammarion, 182 p., 18 €
(2) NiL Éditions, 425 p., 20 €
(3) Grasset, 208 p., 18 €
(4) Albin Michel, 261 p., 20 €
(5) Zoé, 183 p., 19,50 €
(6) Robert Laffont, 218 p., 16 €

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin: 9688