CLASSIQUE - Carte postale de Berlin

Retrouvailles et découvertes

Publié le 17/10/2011
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Crédit photo : E. NAWRATH

L’ÉVÉNEMENT LYRIQUE de ce début de saison était donc, au Staatsoper Berlin (délocalisé pendant les travaux au Schiller Theater), « De la maison morte » (1), le dernier opéra de Janacek, spectacle mythique de Patrice Chéreau et Pierre Boulez réalisé en 2007. Que l’on ait demandé à Simon Rattle, patron du Berliner Philharmoniker, de le diriger, est évidemment l’intérêt majeur de cette reprise pour laquelle toute l’équipe créatrice s’était remise au travail. Rattle défend depuis déjà longtemps ce compositeur. Sa direction est beaucoup plus effusive, plus présente que ne l’était celle de Boulez, sans pour autant sacrifier à la précision ni à la recherche de mise en évidence de la splendeur des timbres instrumentaux.

Ce spectacle, que l’on voyait pour la troisième fois après Amsterdam et Aix-en-Provence, a la double vertu de paraître toujours identique, avec la griffe Chéreau – direction d’acteurs impeccable, perfection esthétique glaçante et options de mise en scène passionnantes – et toujours un peu différent puisqu’adaptable aux dimensions de la salle et de la scène. Chéreau a eu le pouvoir et la chance de reconstituer son équipe à l’identique et de renouveler le miracle de donner une vie et un relief saisissants à cet opéra inspiré des « Carnets de la maison morte », livre dans lequel Dostoïevski raconte avec naturalisme et crudité ses quatre années passées au bagne d’Omsk en Sibérie. Un spectacle coup de poing à l’impact inépuisable.

?? la Philharmonie, on se plongeait avec délices dans le son et la chaleur du Berliner Philharmoniker avec la très romantique « Première Symphonie » de Mahler (1). On peut émettre quelques réserves sur la propension du chef indien Zubin Mehta à détailler un peu trop, surtout dans les deux premiers mouvements, avec de petits ralentis ou effets un peu trop soulignés. Mais passé ce cap, la conduite de la symphonie a été sans reproche. Quel orchestre peut s’enorgueillir d’un rang de cuivre à la sonorité si belle et à la technique si infaillible et faire preuve d’autant de cohérence et de transparence dans une œuvre à l’orchestration aussi touffue ? Ce fut certainement une des plus belles des symphonies de Mahler entendues au cours d’une année pourtant très riche en la matière.

Répertoire audacieux.

Ce n’est pas tous les jours que l’on découvre une chorégraphie de Marius Petipa et pourtant il en reste. Le Staatsballett Berlin le permet avec « La Esmeralda » (2) dans une reconstitution très convaincante de Yuri Burlaka et Vasily Medvedev. Le résultat est très convaincant. Beaucoup de tableaux de genres très réussis et pas trop longs, un grand pas de six magnifiquement construit au deuxième acte et, clou de la soirée, le grand pas de deux des « Corbeilles » inclus au cœur du dénouement.

L’interprétation était magnifique, avec dans le rôle-titre l’Ukrainienne Iana Salenko, danseuse de petit format, légère, bondissante et fort expressive. Phébus était très bien interprété par Marian Walter. L’ensemble de la troupe donnait aux tableaux une grande véracité. Une représentation passionnante s’inscrivant dans une saison au répertoire audacieux.

(1) Ce concert peut être écouté et regardé sur le site Digital Concert Hall des Berliner Philharmoniker : www.digital-concert-hall.com.

(2) Staatsballett Berlin au Deutsche Oper. Prochaines représentations les 21 et 25 octobre.

O.B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9026