* À Versailles, le Mois Molière bat son plein. Pour cette 27e édition d’une manifestation aussi chaleureuse que joyeuse, créée par François de Mazières, maire de la ville, ce sont plus de 60 lieux qui vous sont proposés et des dizaines de spectacles et de concerts. Si Molière demeure le roi de la fête, d’autres remarquables auteurs sont à l’affiche. Aux Grandes Écuries, vingt créations vont se succéder. Parmi les productions, certaines iront ensuite dans le « off » d’Avignon. Les grands principes demeurent les mêmes : entrées gratuites ou prix très accessibles, troupes professionnelles et groupes amateurs. Pour tout savoir, rendez-vous sur le site très bien construit.
Ne ratez pas, lors des week-ends des samedis et dimanches 11-12 et 17-18 juin, les spectacles-promenades « mis en vie » par Stéphanie Tesson au Potager du Roi. Une vingtaine de comédiens et de musiciens vous entraînent, dans des costumes colorés et des masques. Cette année, ce sont les « Contes » des Frères Grimm qui nourrissent les haltes enchantées. Daphné Tesson a adapté les textes et écrit les chansons. La météo s'annonce heureuse en cette fin de printemps. Profitons-en ! (moismoliere.com)
* Plus au sud, si vos loisirs vous le permettent, et cela vaut le voyage, ou si vous habitez la région de Montpellier, c’est le Printemps des Comédiens, dirigé par Jean Varela, qui vous attend. Une profusion de spectacles, une programmation très puissante et très diverse conçue avec l’appui d’Éric Bart, grand connaisseur des paysages internationaux de création. Très grands artistes européens et jeunes compagnies de la région attisent l’esprit de découverte et de fête. Au Domaine d’O, sous la pinède, le grand théâtre Jean-Claude-Carrière et des lieux à ciel ouvert. Mais c’est aussi au Théâtre des 13 Vents, le centre dramatique, que des spectacles sont accueillis, comme ailleurs dans la ville. Les propositions sont très nombreuses. De grands noms ont ouvert le bal, Ivo van Hove, Julien Gosselin, entre autres, et de nombreux artistes se succèdent jusqu’à l’orée de l’été. Ainsi, les 16 et 17 juin, une mise en scène de Kirill Serebrennikov d’après « le Vij » de Gogol. Dans la tradition russe, le vij est l’esprit du mal… Ici, le réel rejoint le théâtre. (printempsdescomediens.com)
* Si la nature nous attend, les salles plus classiques vous accueillent également. À Paris, à la Scala, dans la grande salle, on retrouve une pièce de l’écrivain britannique Martin Crimp traduite par Philippe Djian, « la Campagne ». Nous étions allés à Sartrouville pour saluer cette mise en scène de Sylvain Maurice, homme très fin, très cultivé, très aigu. Il avait réuni une superbe distribution : Isabelle Carré, Yannick Choirat, Manon Clavel. Les enfants ne sont pas là ce soir-là. Une ravissante épouse parle avec son médecin de mari, qui, au retour de ses visites, a introduit dans la maison une jeune femme qu’il aurait trouvée, inconsciente, au bord de la route. Metteur en scène, Sylvain Maurice choisit un trait incisif, très bien accordé à la forte traduction. Les interprètes sont magnifiques et nourrissent de suspense, de silences, d’intonations parfois menaçantes, une atmosphère angoissante… Ces temps-ci, Emmanuel Noblet a rejoint le trio, car Yannick Choirat est en tournage. Un autre tempérament, et des moirures nouvelles. À voir et revoir. (La Scala jusqu’au 18 juin, durée 1h20).
* On rapproche souvent Martin Crimp, 67 ans, d’Harold Pinter (1930-2008). À l’Atelier, ce sont deux pièces du prix Nobel britannique qui sont à l’affiche. Deux « classiques » contemporains. Reprise de « la Collection », un spectacle qui avait été joué il y a plusieurs saisons, a tourné, s’est interrompu et revient à Paris avec la même puissante distribution. Sous la houlette de Ludovic Lagarde et dans une traduction d’Olivier Cadiot, amateur d’ellipses, un quatuor des années 1960 nous fascine. Citons la femme, à l’écart, très mystérieuse et belle, créatrice de mode, Valérie Dashwood. Elle est l’épouse d’un homme qui la soupçonne d’avoir profité d’un voyage pour le tromper. Ce mari est un caractère intrusif, tremblant de violence contenue, ou éclatant parfois. Laurent Poitrenaux est magistral, extraordinaire, porté par une partition puissante. Dans l’autre appartement, des voisins que l’on ignorait jusque-là. Deux hommes, pourtant dans le même métier. Le soupçonné, Micha Lescot, roux, long, indolent, avec des ironies de félin, et son amant, Mathieu Amalric, perruque crantée style des homos assumés du swinging London. Voir jouer, écouter jouer ces quatre-là est évidemment un sacré bonheur. On ne l’a pas encore vu – pas encore créé alors que nous rédigeons cet article –, « l’Amant », du même Harold Pinter. Même traducteur, même metteur en scène et face à face, dans un dispositif un peu pervers, le mari, Laurent Poitrenaux, qui est aussi, peut-être, l’amant, et l’épouse, Valérie Dashwood. Cela promet ! (L’Atelier, jusqu’au 25 juin, durées 1h20 et 1 heure, à voir dans la même soirée).
* Au Poche-Montparnasse, un grand contemporain français est à l’affiche : Jean Anouilh. Mise en scène par Emmanuel Gaury, jouée par Bérénice Boccara et Gaspard Cuillé, dans le rôle des amoureux, voici « Eurydice » dans une version réduite et touchante. Pas de complications scénographiques, une direction directe, un groupe de comédiens unis, et cette langue reconnaissable entre mille. Des amertumes à la Musset mais aussi les sarcasmes cruels de l’écrivain, que les coupes accentuent. Bérénice Boccara, brune et farouche, Gaspard Cuillé, tendre et vulnérable, sont parfaits. (Poche Montparnasse, jusqu’en juillet, durée 1h25).
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