« Place publique » et d'autres films de la semaine

Rire (de soi) ou pleurer

Par
Publié le 19/04/2018
Cinéma-Sonate pour Roos

Cinéma-Sonate pour Roos
Crédit photo : DR

Cinéma-Place publique

Cinéma-Place publique
Crédit photo : GUY FERRANDIS/SBS FILMS

Priorité à nos duettistes français préférés, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, avec leur neuvième scénario commun. « Place publique », dont elle signe la réalisation, est une comédie chorale dans laquelle il joue un animateur télé fatigué et cynique et elle son ex-compagne toujours animée par des idéaux de gauche. Une fête à la campagne (à 35 minutes de Paris, entend-on !) permet de mettre en scène toute une société témoignant de nos travers actuels (la folie des réseaux sociaux, la superficialité générale, le snobisme des uns et le populisme des autres, etc.). Il est aussi question du temps qui passe, du vieillissement et des trahisons dont on finit toujours par être victime, mais pour en sourire, en manière d'autodérision, et non pour en pleurer. Un bon cru Jaoui-Bacri, avec le concours de Léa Drucker, Kevin Azaïs, Nina Meurisse, Helena Noguerra, Sarah Suco, entre bien d'autres.

Une actrice que l'on aime aussi beaucoup, Miou-Miou, est à son affaire dans « Larguées », d'Éloïse Lang. Elle y incarne une femme qui vient d'être abandonnée par son mari, pour une jeunesse, bien sûr ; pour lui changer les idées, ses filles (Camille Cottin et Camille Chamoux) l'emmènent en vacances dans un club à La Réunion.

Côté américain, foin de subtilité avec « Game Night », de John Francis Daley et Jonathan Goldstein, mais une amusante idée conductrice et des rebondissements plus ou moins burlesques qui garantissent le divertissement. Le couple de héros (Jason Bateman et Rachel McAdams), soudés par la même passion dévorante pour les jeux en société (quizz, Pictionary, mime…) croit participer à une murder party, mais vit des péripéties sanglantes qui semblent trop réalistes pour être simulées. Les ficelles sont grosses, les dialogues quelquefois grossiers, mais les parodies, citations et péripéties souvent difficilement résistibles.

Dans la neige

Quittons la comédie pour le drame (intimiste) avec « Sonate pour Roos », du Néerlandais Boudewijn Koole, qui nous emmène dans les neiges de Norvège aux accents de Schubert. Roos, jeune femme indépendante, photographe, rend visite à sa famille dans une maison perdue dans la nature. À savoir sa mère, pianiste, avec laquelle elle ne s'entend pas, et son frère de 13 ans, qui passe son temps à enregistrer des sons. Roos est très malade et c'est un peu la cérémonie des adieux qui nous est donnée. Encore que les scènes sont celles de la vie quotidienne dans ce coin isolé du monde : pêche, voire baignade, dans un trou de glace, promenade en traîneau à chiens, soirée en musique avec les voisins du village, éventuellement retrouvailles sensuelles avec un ami de jeunesse. La mère et la fille vont-elles réussir à se parler – l'une s'exprimant par la musique, l'autre par la photo ? C'est le seul suspense de ce beau film dont on ne se lasse pas d'admirer les paysages à la blancheur immaculée sous un ciel bleu-gris.

Enfin, un biopic, « Escobar », de Fernando Léon de Aranoa, avec Javier Bardem dans le rôle du narcotrafiquant et Penélope Cruz dans celui de la journaliste tombée amoureuse de lui et du livre de laquelle est inspiré le film.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9658