ARTS - À Paris, à la Fondation Cartier

Ron Mueck, l’étrangeté du réalisme

Publié le 27/06/2013
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Crédit photo : RON MUECK

UN COUPLE d’un certain âge sur la plage, de très grand format, « Couple Under an umbrella ». Il est allongé sur les genoux de la femme et lui enserre le bras avec tendresse. Les détails sont précis (bourrelet de sa peau au-dessus de son alliance, petites rides, plissé du maillot de bain), mais les personnages semblent absents. Dans « Young Couple », deux adolescents petit modèle se rapprochent, mais leurs mains dans le dos s’agrippent-elles ou s’étreignent-elles ? Le geste remet en question la sympathie qu’ils inspirent.

« Woman with Sticks », petite femme nue, souriante, au regard malicieux, ploie sous un bouquet de fagots. Est-ce une sorcière ? Le petit homme de « Man in a Boat », seul dans sa barque, scrute l’horizon avec une inquiétude existentielle.

La plaie sanguinolente du jeune Noir de « Youth » renvoie à celle du Christ et à l’incrédulité de saint Thomas, mais les traits de l’adolescent traduisent une blessure profonde. « Drift », petit homme allongé sur son matelas pneumatique, accroché au mur verticalement les bras en croix, semble partir à la dérive. Ne s’agirait-il pas d’une résurrection ? La femme au regard absent de « Woman with Shopping » porte son bébé sous son imperméable, les bras chargés de sacs plastiques, sans aucune tendresse. Dans l’autoportrait « Mask II », le visage endormi semble pourtant agité.

Situation banale ou non, le réalisme des figures est toujours si important qu’il pousse à l’étrange. Un film révèle les dessous des créations de Ron Mueck et son désir de sculpture parfaite. Le critique d’art Robert Storr évoque « l’alternance d’un monde vraisemblable et d’un monde marginalement – si ce n’est totalement – invraisemblable, deux mondes qui sont, de manière envoûtante et même oppressante, similaires au nôtre. »

Fondation Cartier pour l’art contemporain (261, boulevard Raspail, 14e, tél. 01.42.18.56.50, www.fondation.cartier.com), tous les jours, sauf le lundi, de 11 à 21 heures, le mardi jusqu’à 22 heures. Jusqu’au 29 septembre.

CAROLINE CHAINE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9254