Est-on encore en Europe ? Ou déjà passé à autre chose ? En se posant à Ponta Delgada, capitale de la plus grande île des Açores, la géographie fait naître le doute. Sur les neuf îles de l’archipel, sept appartiennent à la plaque eurasienne. Deux, Flores et Corvo, à l’extrême ouest, émergent de la plaque nord-américaine. S’il faut 4 heures pour rejoindre les Açores en avion depuis la France, il en faut à peine plus depuis São Miguel pour aller à New York. Un archipel entre deux mondes, certes portugais, mais largement connecté aux États-Unis et au Canada, où une importante communauté d’origine açoréenne est installée.
Jouer à saute-îles sur cet archipel volcanique des confins est tentant. Pico, Faial, Terceira, Flores…, chacune possède un charme évident. L’intérêt d’explorer São Miguel est de découvrir sur une seule île les principaux marqueurs de la destination : les volcans et leurs lacs de cratère ; les bains thermaux naturels ; les ports de pêche et les villages côtiers, maisons blanches et églises baroques rayonnantes ; les innombrables miradouros (belvédères) du littoral ; les sentiers vertigineux ; la cuisine de mer et de terre, généreuse et savoureuse.
Lagoa do Fogo, au cœur de l’île. Il faut monter tôt le matin en espérant que le brouillard s’éclipse pour apercevoir l’eau de ce lac de cratère éclairée par les premiers rayons du soleil. Aucune habitation ici, juste des goélands dans le ciel, des versants à-pic verts et humides et souvent un vent du diable. Montagne et côte coexistent aux Açores. Entre elles, des milliers d’hectares de prés toboggans glissent vers l’océan, envahis par des troupeaux de vaches. Ces Holstein riches en lait, principale production de l’île, marquettent de leurs toisons noires et blanches l’émeraude gras des prairies.
Aucun risque de croiser une coulée de lave. Les cratères de São Miguel n’ont pas vibré depuis le XVIIe siècle. Le site volcanique le plus célèbre, Sete Cidades, forme à l’ouest de l’île un monde clos dans lequel plusieurs lacs s’enchâssent au pied de montagnes à conifères. Chaque lentille d’eau est posée au-dessus de vieux puits magmatiques. Le summum est atteint aux lacs Verde et Azul. Séparé du premier par une route-digue, le second épouse le demi-cercle parfait de la caldeira, dont les parois extrêmes se hissent à 600 m d’altitude. Sous les bourrasques violentes, l’éclaircie arrive et ouvre la vue sur cet Eden océanique. Le site se contourne par un chemin de crête sinuant en bordure de la caldeira. Au miradouro das Cumeeiras, accessible en voiture depuis Pilar da Bretanha, la vue soudaine sur l’amphithéâtre volcanique est stupéfiante de beauté.
Détente sulfureuse !
À l’est, Furnas possède aussi un grand lac de cratère. Spectaculaire depuis le miradouro de Pico do Ferro, le lieu est connu pour ses bains sulfureux. Seul endroit où perdure une activité volcanique, Furnas vit entre fumerolles et odeurs de soufre. Bains chauds sur les rives du lac, ou plus chics dans le bassin d’eau brune du parc du Terra Nostra Garden Hotel : les spas au naturel sont la bonne surprise de São Miguel. L’un d’eux évoque un paradis tropical. Sur les pentes du volcan de Fogo, Caldeira Velha offre dans un vallon luxuriant le décor idéal à une détente sulfureuse. Ses baignoires naturelles issues des vapeurs des tréfonds promettent un pur moment de plaisir.
Les vaches ne sont pas l’unique ressource agricole de São Miguel. Les vues dégringolent aussi sur des champs de bananiers et quantité de serres blanches où poussent des ananas. Aux portes de Ponta Delgada, la plantation Santo Antonio, 100 % bio, est l’une des 200 de l’île. Huit cents tonnes d’ananas sont produites chaque année à São Miguel et seuls les Portugais ont la chance d’en apprécier la qualité. Même le thé pousse ici. La plantation Gorrenea, dominant le littoral nord, témoigne que les tropiques ne sont pas si loin…
La table est à l’évidence un autre atout de la destination. Inutile de s’attarder sur les poissons. Garoupa, írio, sargo, boca-negra…, tous, grillés ou en sauce, sont excellents. Des chefs combinent ici les traditions locales avec un tour de main exotique pour livrer une cuisine fusion exquise. À apprécier aux restaurants A Colmeia et A Terra Azor, à Ponta Delgada, ou à la table remarquable de l’hôtel Santa Barbara Eco-Beach Resort, à Ribeira Grande.
Impossible d’évoquer São Miguel sans parler des villages-belvédères. Les clochers blancs des églises aux façades baroques surplombant l’azur atlantique sont l’un des symboles des Açores. Murs à la chaux, éléments de décor manuélins et petits cafés populaires forment le décor habituel de ces bourgs. Des pentes à plus de 20 % dévalent parfois jusqu’à l’océan et des ports microscopiques. Seul horizon d’un peuple à cheval entre deux continents.
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