Que reste-t-il d’abord d’elle ? Ses portraits par Nadar, conservés à la Bibliothèque nationale de France. Une série de trois poses dans des drapés. Ces photographies datent de 1859. Sarah est née en 1844. Elle est toute jeune, d’une beauté lumineuse et sereine. Elle a rejoint sa mère et sa tante, demi-mondaines à la mode, à Paris, après des années solitaires en province. Les conceptrices de la remarquable exposition qui vient d’ouvrir au Petit Palais, ont choisi, pour l’affiche, une autre image. Elle est moins connue et tout aussi frappante : son visage en gros plan, par l’atelier londonien W & D Downey. Elle tient son visage, couronné d’une masse de cheveux bouclés, dans ses mains. La photographie a été prise en 1902. Regard clair et calme, elle est toujours aussi belle et jeune d’apparence.
Annick Lemoine, directrice du Petit-Palais, Stéphanie Cantarutti et Cécile Champy-Vinas, ont réuni des trésors venus du monde entier et sous-titrent la manifestation « Et la femme créa la star ». Pour elle, Jean Cocteau forgea la formule « monstre sacré ». Sacha Guitry, qui, par son père Lucien, l’avait connue alors qu’il n’était qu’un enfant, la filme le jour de ses 72 ans. Il la révère. Comme Hugo, comme Rostand. La devise de cette femme s’exception est « Quand même ». Le duc de Morny lui suggère le Conservatoire. À l’Odéon, en 1869, elle éblouit et, trois ans plus tard, triomphe dans le rôle de la reine de « Ruy Blas ». Elle est lancée. Elle va dominer les scènes, du spectacle et du monde, jusqu’à sa mort en 1923.
Une intelligence, un tempérament, une audace, une insolence, tout contribue à sa liberté rayonnante. A son succès, à sa célébrité. Les sections de l’exposition s’enchaînent clairement, du demi-monde de ses aînées aux humeurs de Belle-Île, dans une scénographie aérée de Véronique Dollfus. Costumes délicats, bijoux sublimes, coiffures sophistiquées, portraits, tableaux, photos, affiches – et celles de Mucha, bien sûr –, livres, dédicaces, lettres, la moindre pièce est éloquente, qui dit un grand caractère, une nature impétueuse, amoureuse de la vie qui lui fut parfois cruelle.
Évidemment, les rares documents « audio » sont plus difficiles à entendre aujourd’hui…Les voix ne résistent pas au temps, les manières de proférer non plus. Et on perd ce magnétisme, ce mystère qu’est la présence et dont chacun témoigna, des rives de la Seine aux États-Unis, de Grande-Bretagne au Canada.
On retrouve avec intérêt la large palette de Sarah Bernhardt. Non seulement une comédienne connue et admirée dans le monde entier, mais une plasticienne étonnante. Sa peinture est forte, ses sculptures sont puissantes. Ainsi voyez ce bronze, d’ailleurs conservé au Petit Palais, « le Fou et la Mort », 1877, inspiré du « Roi s’amuse » de Victor Hugo, dont elle joue alors « Hernani ».
Et le cercueil dans lequel elle dormait ? Et la jambe de bois ? Vous saurez tous ces secrets en découvrant cette exposition !
(Petit Palais jusqu'au 27 août, du mardi au dimanche de 10 à 18 heures, nocturnes les vendredis et samedis, livre-catalogue, 39€, petitpalais.paris.fr)
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