* « Les Exfiltrés », d'Emmanuel Hamon
Alors que la France réfléchit à un éventuel rapatriement de ses ressortissants djihadistes et de leurs familles, « les Exfiltrés » raconte l'histoire de la première femme à être revenue en vie après avoir rejoint Daech en Syrie.
Nous sommes en 2015. Un homme (Swann Arlaud) accompagne sa femme et son fils de 5 ans à l'aéroport. La jeune femme (Jisca Kalvanda, vue dans « Divines »), assistante sociale, est censée retrouver une amie en Turquie pour une courte mission humanitaire. En fait, convertie depuis un an, elle veut rejoindre des connaissances en Syrie, « pour aider » la population.
Dans cette situation compliquée vont intervenir un jeune activiste qui travaille pour une ONG (Finnegan Oldfield), le père chirurgien (Charles Berling) de ce dernier, et un rebelle syrien de 22 ans torturé par le régime syrien puis par Daech (Kassem Al Khoja, lui-même réfugié syrien de la région de Rakka, qui n'avait jamais joué).
Si le suspense et les séquences d'action ne manquent pas, le scénariste Benjamin Dupas, qui a recueilli les témoignages détaillés des principaux protagonistes, et le réalisateur Emmanuel Hamon s'attachent à montrer la complexité des motivations et l'impact de la guerre en Syrie sur une génération. Rien n'est simple dans le problème des djihadistes français, CQFD.
* « Le Mystère Henri Pick », de Rémi Bezançon
Pas de cadavre dans « le Mystère Henri Pick », adapté par Rémi Bezançon du roman éponyme de David Foenkinos, mais une enquête. Qui, pour être littéraire, n'en va pas moins bon train, du Paris branché des éditeurs au petit monde provincial de Crozon, en Bretagne.
Le point de départ en est la découverte par une jeune éditrice (Alice Isaaz) d'un manuscrit très prometteur dans la bibliothèque des livres refusés, que cache, inconnue de presque tous, la petite ville du Finistère. Il est signé Henri Pick, un pizzaïolo du coin, décédé deux ans plus tôt et qui n'aurait selon sa veuve jamais écrit autre chose que la liste de courses. L'animateur d'une émission littéraire télévisée que joue avec jubilation Fabrice Luchini va se lancer sur la piste d'une éventuelle imposture.
Satire facile mais bien documentée et savoureuse du monde de l'édition, regard empathique sur la création littéraire et la frontière fragile entre fiction et réalité, la comédie-polar ne manque pas de rythme et se suit avec plaisir. D'autant que Luchini, qu'on a connu plus cabotin, est efficacement accompagné par Camille Cottin.
* « Nos vies formidables », de Fabienne Godet
Ils ont de graves problèmes de dépendance, à l'alcool, aux médicaments, aux drogues, et sont réunis dans une communauté thérapeutique pour tenter d'en sortir, par l'abstinence et la solidarité (méthode Minnesota). Pour traiter ce difficile sujet, Fabienne Godet (« Une place sur la Terre », avec Benoît Poelvoorde, « Ne me libérez pas, je m'en charge », documentaire sur Michel Vaujour…) a longuement enquêté. : réunions des Alcooliques et Narcotiques anonymes, entretiens individuels avec des participants, immersion dans une communauté thérapeutique à Aubervilliers…
Il en est ressorti une vingtaine de personnages fictifs. Un portrait de groupe, donc, autour d'une jeune femme incarnée par Julie Moulier, qui a participé à l'écriture du scénario. Les acteurs ont eux-mêmes vécu en communauté pendant le tournage, le travail en groupe favorisant la solidarité qui est au cœur du récit. Et une large place a été laissée à l'improvisation.
Le résultat est impressionnant de réalisme, disons plutôt de vérité humaine. Nous entrons dans le centre avec Margot, nouvelle arrivante, et nous n'en sortirons pas. Les jours s'égrènent et, d'une réunion l'autre, d'une tâche ménagère à une promenade dans le grand parc, d'une confrontation à une amitié naissante, chacun livre peu à peu, bon gré mal gré, ses blessures, ses failles, ses tentations ou sa volonté d'en finir avec les addictions. Il y a des drames, mais pour Margot comme une famille retrouvée. Une vision angoissante mais salutaire.
* « Stan & Ollie », de Jon S. Baird
Tout le monde connaît Laurel et Hardy, vedettes des années 1920-1940, dont les nombreux films ont fait les beaux jours des télévisions, « colorisés », comme aux États-Unis, ou non. Mais les jeunes générations sont-elles encore sensibles au comique du tandem le plus célèbre de l'histoire du cinéma ?
Peu importe, sans doute, car le « Stan & Ollie » du Britannique Jon S. Baird n'est pas à proprement parler un biopic et se suffit à lui-même. Comme récit, drôle et mélancolique à la fois, de la tournée en Grande-Bretagne, en 1953, d'un duo de comédiens vieillissants et déjà un peu oubliés.
Stan Laurel et Oliver Hardy sont donc à la reconquête d'un public, dans des théâtres plus ou moins miteux, dans l'espoir qu'un producteur acceptera de financer un nouveau film (une parodie de Robin des Bois). D'une ville à l'autre, les deux hommes, qui ne sont pas des anges, se retrouvent, se disputent, se rabibochent, luttent contre leurs démons et, toujours, se métamorphosent une fois sur scène, leur élément.
On veut croire que c'est finalement une histoire d'amitié, touchante. En tout cas une ode au métier de comédien et de clown. Steve Coogan et John C. Reilly ont beaucoup travaillé pour reconstituer les numéros millimétrés du duo mais le font oublier avec un naturel confondant.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, « Laurel et Hardy - Leur véritable histoire », biographie signée Roland Lacourbe, édition revue et augmentée du livre publié en 1975 (L'Archipel, 288 p., 20 €).
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