Non seulement vous voulez être seul, position statique de l'adolescent barricadé dans sa chambre, mais vous voulez, moderne Mallarmé, « fuir là-bas, fuir », initiative dynamique, et même, mieux (ou pire), vous voulez disparaître, quasiment vous anéantir.
Olivier Remaud a pris comme fil conducteur Henry David Thoreau (1817-1862), auteur de « Walden ou La vie dans les bois » (1854). Le 4 juillet 1845, le poète du New Hampshire quitte sa petite ville de Concord pour aller vivre dans les bois. Il s'isole, mais avoue revenir chaque jour déguster les pâtisseries de sa mère. La tradition a retenu les longues promenades de ce Rousseau d'outre-Atlantique. On a, dit l'auteur, « plus rarement observé que sa solitude relevait de la mise en scène ». Quand on rejoint tous les jours son domicile, s'éloigne-t-on vraiment de la société ? Pour équilibrer les conduites de Thoreau, on notera que celui-ci fut un authentique révolté, que son ouvrage « Essai sur la désobéissance civile » (1849) conduisit en prison.
Olivier Remaud se livre tout au long de son travail à une fine typologie des attitudes. Certains veulent avant tout « partir ». Mais où ? Peu importe, il faut vite quitter le bruit et la fureur de la ville, échapper au chômage et à la violence ; ce qui compte, c'est de tourner le dos.
Il y a ceux qui partent parce qu'ils cèdent à « l'appel de la Nature » et qui, la différence est grande, n'ont pas envie de revenir. Kerouac veut « vivre sur la route ». Christopher McCandless part pour un voyage qui durera deux ans, il vise l'Alaska et rompt avec le monde social pour basculer « Into the Wild », du nom du film réalisé par Sean Penn sur cette odyssée. Bien sûr, toutes ces tentatives, qu'il s'agisse de traversées de l'Atlantique dans une coque de noix ou de folles escalades visant l’infini asymptotique, s'articulent à une célébration quasi-mystique de l'Univers.
Comme nous l'avons dit, cette réflexion éclaire avec soin le sens de ces attitudes, pose les bonnes questions (les solitaires sont-ils aussi solidaires ?) et dépiste les illusions, les « poses » et finalement les déceptions liées à ces aventures. Comme le disait Alain, « le voyageur effaré qui court au bout du monde n'y retrouve jamais que lui-même ».
Olivier Remaud, « Solitude volontaire , Albin Michel, 224 p., 19 €
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