JAZZ-ROCK - Télévision et CD

Souvenirs de Charles Mingus

Publié le 24/10/2011
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CHARLES MINGUS (1922-1979) fut l’un des plus grands contrebassistes de jazz. Mais pas seulement. Derrière l’imposant personnage – en fauteuil roulant à cause d’une sclérose latérale amyotrophique – qui fut reçu en 1978 à la Maison Blanche par le président Jimmy Carter, se cachait un créateur et un musicien protéiforme (pianiste, compositeur, chef d’orchestre) et, surtout, un militant et un activiste, qui s’est battu pour que la communauté afro-américaine soit reconnue à part entière dans une Amérique rongée par les démons du racisme. Son livre « Beneath The Underdog » (« Moins qu’un chien », Pavillon/Robert Laffont, 1973), en est le plus vibrant témoignage.

Afin de rendre hommage à ce génie du jazz moderne, le pianiste Laurent de Wilde, qui s’était déjà penché sur l’œuvre et la carrière de l’alter ego de Mingus, Thelonious Monk, (notamment dans son livre « Monk », L’Arpenteur, 1996), a dressé un portrait télévisuel du maître contrebassiste. Au piano, et accompagné de ses deux complices, Bruno Rousselet (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie), il décortique, explique, sans faire appel à des images d’archives, et se plonge musicalement dans l’univers unique de Mingus. Cinquante-deux minutes de bonheur (Arte, « Die Nacht/la Nuit », 25 octobre, autour de minuit).

L’importance historique de Charles Mingus, le contrebassiste Jacques Vidal la connaît. Après avoir enregistré en 2007, un CD, « Mingus Spirit » (Nocturne), il revient avec « Fables of Mingus » (Cristal Records/Harmonia Mundi). Avec notamment Isabelle Carpentier (voix) et Pierrick Pédron (saxophone-alto), le leader réinvente et recrée, à travers un choix judicieux de compositions mingusiennes, le monde et la nature d’un éternel rebelle qui avait fait du blues, voire du gospel, les racines et les bases de sa révolte, dans un jazz résolument moderne aux accents be-bop et hard bop.

D. P.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9031