2000 ans de certificats de décès

Staline dans son propre piège

Publié le 23/03/2013
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« Torturé par lui-même » : c’est le diagnostic, sans appel, du Dr Pelloux pour le Petit père des peuples. Car victime à 74 ans d’un AVC dans sa datcha de Kountsevo, Joseph Staline qui vient de faire exécuter ses neuf médecins, trouve bien peu de monde pour le soigner.

D’abord, il était seul au moment de son accident. Et personne n’a osé le déranger pendant près d’une journée. Quand l’intendant l’a découvert, il était un peu tard :

[Staline est] habillé, allongé par terre, sur le tapis, près d’une table, sur le ventre et le bras « bizarrement tordu ». Il est conscient mais il ne parle plus, et sa curieuse position est typique des comas neurologiques. L’accident vasculaire cérébral a été hémorragique et l’a sidéré avant qu’il ne tombe. Plus de vingt heures que Staline gît par terre sans bouger, ave le mal de tête, le déficit moteur, le froid. De plus, comme son corps ne bouge plus, cela entraîne une compression des muscles qui engendre souvent une insuffisance rénale aiguë et des désordres hydro-électrolytiques majeurs. Et comme son hypothermie aggrave tout, c’est normalement une urgence extrême. [Vingt nouvelles heures plus tard, Beria arrive de Moscou. Pas de médecin] Sans oxygène ni perfusion, la mort envahit Staline lentement et douloureusement. [C’est le lendemain seulement que des médecins arrivent] « Tous se renvoient la balle – tous ont en tête le « complot des blouses blanches » et la liquidation des neuf médecins personnels du dictateur. Vous imaginez le dialogue : « C’est toi le spécialiste. –Ah non ! Toi. –Oh non, à toi, te dis-je, moi je ne sais pas où est la tête.
[L’agonie va durer trois jours. Le traitement ? Du camphre en injections, des sangsues] On lui pose un respirateur artificiel, sans sédation ni antalgique. (…) Son visage gonfle, comme son corps, car faute d’être correctement hydraté, il se détruit lentement. (…) Personne ne tente quoi que ce soit. Tous savent que, pour sauver leurs vies, il vaut quand même mieux qu’il meure.


Source : lequotidiendumedecin.fr