JAZZ-ROCK - En français ou en anglais

Sur un air de blues

Publié le 10/06/2013
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Crédit photo : DR

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Crédit photo : BRAD GREGORY

NÉ DANS LE DELTA du Mississippi, le blues, musique noire et américaine par essence, est depuis longtemps devenu un langage universel. Les premiers à avoir donné à cette musique son universalité furent les pionniers du fameux British Blues, dans les années 1960. Au XXIe siècle, le blues n’a plus de frontière et a trouvé dans quasiment tous les pays des créateurs-interprètes et des adeptes. En ce sens, Bill Deraime fut un pionnier dans son genre en France. Lui, l’enfant de Senlis, élevé dans le gospel, lui, l’ancien beatnik de la fin des années 1960, confronté notamment à la musique folk et au folk blues la décennie suivante, lui, l’engagé dans la lutte contre les méfaits destructifs des drogues, va devenir un des porte-paroles du blues à la française. Avec une bande d’amis, où figurait Jean-Jacques Milteau, il décide à la fin des années 1970 de chanter le blues en français dans le texte. Un vrai succès. Puis il déborde sur le reggae et crée un tube, « Babylone, tu déconnes ». Avant de sombrer... et de refaire surface quelques années après avec une superbe reprise, toujours en français (presque un crime de lèse-majesté !), du célébrissime « Sitting on The Dock of The Bay », immortalisé par Otis Redding. Aujourd’hui, Bill Deraime est de retour. À ses côtés, le fidèle Mauro Sorri (guitare), mais aussi des invités comme Sanseverino, Fred Chapelier (guitare) et Jean Roussel (orgue Hammond B3), pour un disque, « Après demain » (Dixiefrog/Harmonia Mundi), qui est un pamphlet contre le système, la pauvreté, l’exclusion, et un plaidoyer pour l’homme, la liberté, la fraternité. L’essence même du blues de la part d’un chanteur authentiquement engagé. À retrouver aussi sur scène, à Paris (Alhambra, www.alhambra-paris.com) le 12 juin, et à Beaulieu-sur-Mer, le 5 juillet, lors des Nuits guitare.

Authentique.

Appelée guitare hawaïenne, parce que jouée à plat, la guitare slide, ou pedal steel guitar, s’est très rapidement introduite dans le jazz et le blues. Si l’un de ses principaux adeptes fut Bob Brozman, récemment décédé, elle compte de nombreux pratiquants, comme Robert Randolph. Leader depuis une dizaine d’années du Family Band, il a décidé, pour son dernier CD, de rassembler, sous l’appellation « The Slide Brothers » (Concord/Universal), quelques-uns des meilleurs « slidistes » d’outre-Atlantique, à l’image de Calvin Cooke, Chuck Campbell, Darick Campbell et Aubrey Ghent, représentants d’un style particulier né au sein de The House of God Church. D’où un disque qui reprend, dans une veine hyper-churchy et bluesy, des thèmes des Allman Brothers, de George Harrison (« My Sweet Lord »), ou célèbre une légende de Chicago, Elmore James, considéré comme techniquement le père spirituel de Jimi Hendrix et Eric Clapton. Toute l’authenticité du blues.

Le groupe new-yorkais Spin Doctors (Chris Barron, chant, Aaron Comess, batterie, Eric Schenkman, guitare, et Mark White, basse) occupe depuis plus de deux décennies et un succès planétaire, « Pocket Full of Kriptonite », une place prépondérante dans le rock dit alternatif mais aussi dans le blues rock. Le légendaire quartette de la Grosse Pomme est de retour, avec « If The River Was Whiskey » (Ruf Records), qui est un vrai disque de deep-blues, même s’il est composé de titres originaux, avec des racines dans le Delta et des accents très urbains. Des ingrédients qui font une musique explosive et musclée.

DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9249