* L’improvisation solitaire, Keith Jarrett en connaît bien l’exercice et le pratique à merveille. Surtout depuis l’album de référence que fut « The Köln Concert » (1975). En congé de ses fidèles accompagnateurs, le pianiste s’est livré du Theatro Municipal de Rio de Janeiro, le 11 avril dernier, à ce même travail en solo absolu et en direct. Le résultat : « Rio » (ECM/Universal). Ce double CD est composé de 15 suites, dans lesquelles le soliste est inégalement inspiré selon l’ambiance et le climat musical choisi : musique classique et/ou baroque, rythmes jazzy, tendance free voire pop/folk et world. À la fois très exaltant et moins prenant par moments, « Rio » relève d’une réelle introspection et, en cela, peut être magique.
* Ce qui saute d’abord aux yeux quand on regarde Eliane Elias, qui sera à Paris le 12 novembre (Théâtre du Châtelet), c’est son charme. Très vite pourtant, le jeu pianistique, voire la voix, de la belle Brésilienne, habituée de la scène américaine depuis plusieurs décennies, prennent le dessus sur sa plastique parfaite. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter « Light My Fire » (Concord/Universal). Mélange de musique brésilienne (avec des compositions de Gilberto Gil), de rock et de soul (The Doors, Stevie Wonder, de jazz (le fameux « Take Five » de Paul Desmond) et de thèmes originaux, la charmante pianiste nous emmène dans un voyage musical un peu trop cool et hybride, d’où un certain manque de punch.
* Weather Report, cofondé à l’aube de la décennie 1970 par deux « enfants de Miles », Joe Zawinul (claviers) et Wayne Shorter (saxes), restera pour l’histoire LA formation emblématique du jazz fusion. Précurseurs, ses coleaders, ainsi que des sidemen comme Jaco Pastorius (basse), avaient intégré dans leur musique des ingrédients que l’on retrouve aujourd’hui, comme les machines électroniques, les rythmes rockisants et les musiques du monde, au jazz. « Live in Cologne 1983 » (Art of Groove/Sphinx) est un superbe double album, gravé en live en Allemagne et qui restitue cet univers sonore, qui reste unique. Si Shorter et Zawinul sont ici entourés de nouveaux jeunes loups – Omar Hakim (batterie), Victor Bailey (basse) et Jose Rossy (percussions) –, leur musique reste flamboyante, énergique et hypercolorée.
* Dans ces années-là, la France, post-gaullienne et pompidolienne, n’avait nullement adopté ce style de musique, préférant de loin les free jazzmen engagés et enragés aux sirènes du jazz dit « commercial ». Sauf le groupe Troc. Cofondé par le batteur niçois André Ceccarelli et le chanteur écossais Alex Ligertwood – ex-Jeff Beck et surtout Carlos Santana –, rejoints par la suite par le bassiste Jannick Top – ex-Magma mais aussi Lavilliers ou Hallyday – et le guitariste Claude Engel. Cette formation éphémère (un seul disque) va mettre au point un style alliant rock progressif, jazz moderne, r’n’b, soul, pop, etc. Quarante ans après, ils sont de retour, avec « Troc 2011 » (Emarcy/Universal) et un nouveau membre, Éric Legnini (claviers), plus des invités, Olivier Ker Ourio (harmonica) et David El Malek (saxes). Comme pour reprendre l’aventure là où elle s’était arrêtée, comme si le temps avait été suspendu mais sans une once de nostalgie. De l’énergie à revendre et un environnement musical toujours imprégné par le jazz-rock à (re)découvrir, suivant les générations, et applaudir dans plusieurs villes*.
* Courbevoie, 8 novembre. Lagny-sur-Marne, 15 novembre. Toulouse, 23 novembre. Nice, 28 novembre. Nîmes, 29 et 30 novembre. Paris, New Morning, 1er décembre.
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