SUR LE PLAN musical, pouvoir écouter dans la même soirée de ballet un double programme Georges Auric et César Franck est une rareté plutôt alléchante. Il aurait fallu pouvoir le faire avec l’orchestre maison plutôt que par l’Orchestre national d’Île-de-France, dirigé assez lourdement par Koen Kessel, trop épais pour défendre la fragile musique de « Phèdre », d’Auric, et peu impliqué dans la sublime partition de « Psyché », de Franck, que l’on entend si rarement au concert et qui convoque un chœur, ici l’excellent Chœur de Radio France.
La combinaison des deux chorégraphies, séparées par quelque soixante années, est un grand écart de programmation. Demander à ceux qui ont encore la mémoire de « Phèdre », de Lifar (1950), en l’occurrence Claude Bessy, de la transmettre aux plus jeunes est un incontestable devoir pour le Ballet de l’Opéra de Paris. Que cette chorégraphie, « action dansée », mais surtout l’esthétique de la plastique qui l’entoure (Jean Cocteau) paraissent aujourd’hui datées et rébarbatives est une autre chose. Des salles entières se sont récemment pâmées devant une rétrospective de Martha Graham, tout est affaire de goût. Dans cette « Phèdre » d’après Euripide, face à laquelle, pour tromper l’ennui, on se prenait à souligner les différences avec celle de Racine, la majestueuse allure d’Agnès Letestu et sa gestique raffinée étaient une belle consolation au maniérisme des autres personnages, peu gâtés par Lifar.
Divertissement.
Avec Ratmansky, autre originaire de Kiev, directeur du Bolchoï de 2004 à 2008 et actuellement en résidence à l’American Ballet Theater de New York, on a affaire à un pur divertissement : « Psyché », création mondiale réalisée pour Paris. Dans une esthétique fantaisiste et pastel à la Disney, avec ses fresques représentant animaux, forêts et châteaux de contes de fée (décors de Karen Kilimnik et costumes d’Adeline André), le Russe a réalisé une chorégraphie légère, fantaisiste, irréelle sur les amours de Cupidon et Psyché. Aurélie Dupont, sur la silhouette de laquelle les années n’ont pas prise, est délicieusement légère et profonde à la fois, et le couple formé avec l’Éros de l’excellent Stéphane Bullion est incontestablement le plus érotique vu sur cette scène récemment. Ratmansky leur a concocté un interminable pas de deux qui combine toutes les figures imposées tout en laissant place à la fantaisie et au merveilleux. Un happy end aux frontières du kitsch met en valeur tous les danseurs et on en ressort léger et ravi. Vraiment, un spectacle à double tranchant !
Opéra de Paris-Palais Garnier (tél. 0892.89.90.90 et www.operadeparis.fr) les 3, 4, 6 octobre à 19 h 30. Prochain spectacle : « la Source », Delibes/Minkus/Bart, du 22 octobre au 12 novembre.
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