Elsa Marpeau avait été remarquée dès son premier polar, hanté par des corps martyrisés (« les Yeux des morts »). Son cinquième livre à paraître dans la Série Noire, « les Corps brisés » (1), a pour personnage principal une jeune femme pilote de rallye. Après un accident et la mort de son coéquipier, elle sort du coma paralysée des deux jambes. Conduite dans un centre de rééducation totalement isolé en Auvergne, sans visites et sans réseau, elle s’interroge sur le comportement de certains membres du personnel et s’inquiète lorsque la patiente qui partage sa chambre disparaît. L’angoisse du lecteur monte avec la sienne, depuis le constat de la relégation des handicapés dans une société qui donne la priorité à l’efficacité et à la performance. Jusqu’au huis-clos final et l’impensable cruauté de certains hommes.
Être le fils de Stephen King n’aurait pas suffi sans le talent à faire de Joe Hill un grand maître de l’angoisse et du fantastique (« le Costume du mort », « Cornes »…). « L’Homme feu » (2) est une fable pré-apocalyptique. Des tatouages apparaissent soudainement sur le corps d’hommes et de femmes, qui s’embrasent et deviennent des torches vivantes. Parce que le « virus » est contagieux, des milices traquent les malades pour les exterminer. Une infirmière, qui apprend le même jour qu’elle est enceinte et touchée par la maladie, s’allie, pour tenter de survivre, à un homme capable de contrôler le feu intérieur qui brûle les humains. Un récit explosif qui met à nu le côté sombre de nos sociétés.
Cobayes et manipulations
Lorsqu’un père, désespéré de la maladie orpheline qui détruit sa fille depuis l’âge de 6 ans, tombe sur un chercheur qui lui promet de la sauver, il la remet évidemment entre les mains de ce docteur miracle, d’autant que les frais du séjour en Suisse sont pris en charge. Las ! Si l’accueil à l’Institut est idyllique et si l’adolescente tombe sous le charme d’un autre patient, le piège se referme sur les malheureux cobayes et l’engrenage de l’horreur se déclenche. « Ceux qui savent » (3), un thriller médical efficace, est le premier roman de Julien Messemackers (qui a contribué à la série « Dix pour cent »).
Pour Thierry Berlanda, auteur de romans et philosophe, l’enjeu crucial de notre époque est la perte de la valeur et du sens même de la vie, alors que les développements biotechnologiques, actuels ou prévisibles, signeront l’arrêt de mort de toute humanité. Telle est la thèse – et la mise en garde – exposée dans « Naija » (4), tandis que l’assassinat d’un industriel de l’agroalimentaire nous entraîne jusqu’à la tentaculaire Lagos, au Nigeria, où bouillonne un monde à la fois repoussant et plein d’attraits. Celui du trafic d’organes, des manipulations génétiques, des hybridations monstrueuses et des nanotechnologies ultraperformantes.
Héros récurrent des romans policiers de Fred Vargas, le commissaire Adamsberg se heurte, dans « Quand sort la recluse » (5), à un assassin hors du commun : une araignée violoniste (loxosceles rufescens), une petite bête efficace puisque sa morsure a fait trois morts en trois semaines alors que son venin, habituellement, n’est pas mortel…
John Grisham, auteur prolifique de best-sellers, dont au moins six romans ont été portés à l’écran (« la Firme », « l’Affaire Pélican »), revient, avec « l’Informateur » (6), à ses premières amours, le roman judiciaire. Selon un lanceur d’alerte qui espère toucher le jackpot si cela est prouvé, une magistrate de l’État de Floride fermerait les yeux sur les agissements de la Coast Mafia, qui a financé un casino sur une réserve indienne, et toucherait sa part de butin…
Psychologue clinicienne, Luana Lewis a réuni tous les ingrédients du suspense psychologique dans « Obsessions » (7). Le cadavre de Vivien a été retrouvé dans Regent’s Canal, à Londres. Suicide ou meurtre ? La femme que l’on croyait comblée se découvre perverse et sujette à diverses névroses, compulsions alimentaires, maniaco-dépression, trichotillomanie…
Guerre et politique
Adepte des romans policiers sur fond de guerre et de politique (« Zone de non-droit »), Alex Berg fait, avec « la Fille de la peur » (8), le récit poignant de l’exil, à travers un secret que porte une enfant de 5 ans, la fille d’un richissime homme d’affaires syrien réfugiée à Paris. Qui, des services secrets français, syriens et même israéliens, ou de Marion, qui attend son affectation pour une mission de Médecins sans frontières, percera le secret de l’enfant mutique ?
Figure majeure du thriller suédois, Arne Dahl révèle, après « Message personnel », la deuxième enquête d’Opcop, la police semi-secrète d’Europol. Dans « Prenons la place des morts » (9), le groupe suit la piste d’une série de victimes, des personnalités politiques de gauche, toutes assassinées sur des îles-prisons. Leur enquête les fait remonter jusqu’à l’île tristement célèbre de Nazino, en Sibérie, surnommée « l’île aux cannibales », où sont mortes 4 000 des 6 000 personnes déportées…
Il existe un autre Afghanistan que celui décrit par les médias, que Cédric Bannel dessine dans ses romans (« l’Homme de Kaboul ») par l’intermédiaire d'Oussama Kandar, le chef de la brigade criminelle de la capitale afghane. « Kaboul Express » (10) est le récit de la traque par Kandar et son amie des services secrets français, d’un adolescent qui, pour venger son père, « victime collatérale » des Occidentaux, prépare un attentat à Paris au moyen de trois camions syriens bourrés d’explosifs…
(1) Gallimard, 236 p., 19 €
(2) JC Lattès, 616 p., 23 €
(3) Anne Carrière, 316 p., 20,50 €
(4) Rocher, 431 p., 20,50 €
(5) Flammarion, 478 p., 21 €
(6) JC Lattès, 430 p., 22,90 €
(7) Denoël, 331 p., 21,50 €
(8) J. Chambon, 265 p., 22 €
(9) Actes Sud, 447 p., 23 €
(10) Robert Laffont, 325 p., 20 €
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