THIERRY MALANDAIN a longtemps différé sa Cendrillon, sur laquelle plane l’ombre de la réalisation, devenue référence, de Maguy Marin pour l’Opéra de Lyon en 1985. Il l’avait approchée en réglant les parties dansées de l’opéra éponyme de Jules Massenet, créé à Vaison-la-Romaine en 1988, mais, pour le ballet de Serge Prokofiev, restait à franchir le pas et surtout à en surmonter les exigences en terme d’effectifs, notamment pour la scène du Bal. Réglée pour 20 danseurs, sa « Cendrillon » fait appel à un supplément de participants avec l’aide astucieuse de mannequins noirs en robes longues montés sur roulettes. Mais ce n’est pas la seule idée de ce spectacle, qui en fourmille autant dans la réinvention des accessoires (le carrosse est figuré par un énorme cerceau, la pantoufle de vair par un stiletto noir) que dans la chorégraphie. La plus spectaculaire est d’avoir confié les rôles de la marâtre et des deux sœurs chipies à des hommes. Juché sur des béquilles, l’immense Giuseppe Chiavaro fait penser à un grand héron, flanqué des deux sœurs (Frederick Deberdt et Jacob Hernandez Martin), dont l’anatomie dorsale musclée et les crânes rasés ne laissent planer aucune équivoque sur leur sexe. Effet comique garanti, sans aucune surcharge, aucun effet vulgaire, on est dans la finesse absolue ! De même, la Cendrillon de Miyuki Kanei est toute en simplicité et en effacement, dans sa petite robe grise mais aussi dans celle qu’elle revêt pour le Bal, une simple tunique blanche dans laquelle elle séduit un prince en justaucorps gris perle, l’excellent Daniel Vizcayo. Ce dernier est un pilier du Ballet Biarritz, dont les danseurs sont très engagés dans cette chorégraphie exemplaire, toujours fluide et parfaitement lisible, une des meilleures à ce jour de Thierry Malandain.
Superbe, aussi, le travail de Jorge Gallardo avec un cadre de scène vide mais délimité par des alignements de la fameuse chaussure, ici un escarpin verni noir, et des couleurs très neutres pour l’ensemble des costumes. Avec de très jolis éclairages, cette simplicité faisait merveille dans le luxueux cadre d’or de bleu-verts de l’Opéra Royal de Gabriel. L’Orchestre symphonique d’Euskadi de San Sebastián, malgré quelques tempi pris un peu trop lentement et parfois un manque du mordant indispensable à cette musique si grinçante, a, sous la direction de Josep Caballé-Domenech, donné une lecture d’une clarté remarquable de la magnifique partition de Prokofiev.
Il ne faudra pas manquer les reprises de ce merveilleux spectacle qui se partagera pendant la saison prochaine entre l’Espagne et la France.
Prochaines représentations de « Cendrillon » en France : Montauban (25 juillet), Festival Le Temps d’aimer à Biarritz (6 septembre), Périgueux ( en avril 2014).
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