LIVRES - « Une bonne raison de se tuer », de Philippe Besson

Tragédies contemporaines

Publié le 17/01/2012
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CELA SE PASSE le 4 novembre 2008, à Los Angeles. Tout le pays vit au rythme de l’élection présidentielle, sauf deux êtres qui, chacun de son côté, composent avec leur solitude et leur désespoir, mais de façon contradictoire.

Samuel vient d’enterrer son fils de 17 ans qui s’est pendu dans les toilettes du lycée. Peintre et surfeur qui a vécu insouciant et égoïste pendant des années, il sait maintenant que les raisons d’un tel geste sont bien antérieures et plus profondes que d’avoir été éconduit par une certaine Meredith, mais il est incapable de déterminer quand tout a basculé.

Laura, à 45 ans, est, elle, en pleine déliquescence depuis son divorce : passée du confort de sa belle maison à un deux-pièces qu’elle paye en étant serveuse dans un café, elle n’a plus de nouvelles de ses deux grands fils, sauf quand le cadet vient la voir pour lui soutirer de l’argent.

Une écriture « chirurgicale ».

Après avoir accompli son destin d’épouse et de mère avec bonheur, Laura a l’impression de n’être plus rien et prend la décision de mettre fin à sa vie le soir même de cette journée exceptionnelle. Mis en face de la réalité et de son irresponsabilité, Samuel fait à l’inverse preuve de résilience et décide de continuer. L’une se prépare calmement et méthodiquement à disparaître tandis que l’autre est prêt à se battre pour survivre.

Vont-ils se rencontrer ? Vont-ils se sauver ? On peut, sans trahir l’auteur, mettre fin à une partie du suspense qui plane sur le livre. Laura et Samuel vont se croiser, se parler. Et ce qui résultera de leur rencontre mérite d’être découvert dans la foulée d’un roman sensible, qui, à l’aide d’une écriture riche de détails et « chirurgicale », vise à nous plonger au plus profond de l’intimité des personnages. Une écriture également cinématographique, car on n’oublie pas que Philippe Besson, dont quatre romans, sur la quinzaine qu’il a publiés, ont été adaptés au cinéma, œuvre également en tant que scénariste.

Julliard, 321 p., 19 euros.

MARTINE FRENEUIL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9067