JAZZ-ROCK - Héritage, remixage, fusion

Trois pointures

Publié le 16/09/2013
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Crédit photo : J. MANNION

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Crédit photo : U. GRUBER

* Malgré une carrure impressionnante, Gregory Porter a su, avec sa voix fascinante de baryton, atterrir en douceur dans le monde du jazz vocal au masculin. Deux disques pour un label américain indépendant (Motéma) et un tube, « 1960 What ? », ont suffi à créer le buzz autour du personnage, nommé à deux reprises aux Grammy Awards, venu de la planète blues, soul et gospel du Sud – même si sa mère était pasteur en Californie. Un riche héritage transmis aussi dans les textes et le choix des mélodies, souvent très accrocheuses. Car le vocaliste s’est révélé un excellent compositeur et parolier de la scène actuelle. Son troisième album, le premier pour le célébrissime label Blue Note (Universal), « Liquid Spirit », porte la marque de ce travail personnel et original, en plus d’indispensables reprises – trois, dont un titre écrit conjointement par Abbey Lincoln et Max Roach, « Lonesome Lover ». Une démarche très personnelle, réalisée avec le noyau dur de ses accompagnateurs permanents, plus quelques invités, qui place le jeune quadragénaire au sommet des chanteurs actuels et en route vers une gloire bien méritée.

* À 27 ans, Trombone Shorty, de son vrai nom Troy Andrews, pourrait bien être aussi en route, sinon vers la gloire, en tout cas vers un certain vedettariat. Natif du quartier de Treme, à la Nouvelle-Orléans, devenu célèbre grâce à la série du même nom, dans laquelle il fait plusieurs apparitions, le tromboniste a commencé sa carrière dans plusieurs marching bands de la cité du Croissant, avant de devenir un requin de studio puis de se lancer dans une carrière de leader très populaire. Créateur d’un style qu’il qualifie lui-même de « supafunkrock », le jeune instrumentiste vient de sortir son troisième CD pour le label Verve (Universal), « Say That To Say This », dans lequel il remixe tous les ingrédients des musiques riches et variées issues de New Orleans, avec la collaboration très spéciale des Meters, une formation culte locale des années 1960-1970 emmenée par Art Neville, l’un des fondateurs des Neville Brothers. Neuf titres hyperrythmés, à déguster surtout en live, pour apprécier leur énergie débordante, notamment à l’Olympia de Paris, le 3 octobre.

* Contrebassiste et guitariste basse né en Grande-Bretagne, Dave Holland, 66 ans, est considéré comme une des pointures du jazz moderne depuis sa collaboration avec Miles Davis à deux enregistrements marquant le baptême du jazz fusion (« In A Silent Way » et surtout « Bitches Brew »). Meneur d’hommes depuis près de quatre décennies, il a réuni, pour son dernier opus, « Prism » (Okeh/Sony Music), un nouveau quartet, dont plusieurs membres ont déjà joué en sa compagnie par le passé – Kevin Eubanks (guitare), Craig Taborn (piano/Fender Rhodes) et Eric Harland (batterie). D’entrée de jeu, l’auditeur se retrouve plongé dans une musique où fusionnent les éléments électriques et binaires du jazz-rock et les thèmes légèrement moins heurtés et rythmés, comme « The True Meaning of Determination » (écrit par le pianiste Craig Taborn), voire contemplatifs, comme « Breathe »(Eric Harland). Ou tout l’art et la magie de tirer au mieux les multiples qualités d’un ensemble à l’écoute de chacun.

DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9263