Le chorégraphe américain John Neumeier, établi en Allemagne depuis ses débuts de danseur et à la tête, depuis 1973, de la compagnie la plus dynamique de ce pays, le Hambourg Ballet, n'a pas en France la place qu'il mérite. Notamment à l'Opéra de Paris, où ses chorégraphies sont reprises au gré du goût des directeurs de la Danse et où un nombre relativement faible de commandes ont été passées à ce chorégraphe majeur du dernier demi-siècle.
Ce préambule pour souligner l'importance de l'édition vidéographique des créations chorégraphiques de Neumeier à l'Opéra de Hambourg, qui leur permet une large diffusion, non seulement auprès des acheteurs de DVD et Blu-ray Disc, mais aussi sur les sites de diffusion par Internet et les chaînes de télévision privées, de plus en plus nombreuses à accorder une place importante à la danse contemporaine.
Selon Neumeier, Tatiana est le personnage principal d'« Eugène Onéguine », la nouvelle en vers de Pouchkine, et il en fait le thème central de cette chorégraphie, créée pour les 40es Journées du Ballet à Hambourg en 2014. « Tatiana » s'ouvre sur un long prologue, intitulé « Une toile de rêves », qui dépeint un cauchemar de l'héroïne. Neumeier adapte assez librement la nouvelle, transforme le poète Lenski en musicien et développe le personnage d'Onéguine, présenté comme un dandy blasé. Un ours et un vampire sont à l'origine des personnages du prince et d'Onéguine et une part très importante, présente chez Pouchkine et non reprise par Tchaikovsky dans son opéra, est accordé à l'onirique. Un ballet en forme d'étude psychologique.
Et ce n'est pas la musique de Tchaikovsky qu'utilise Neumeier comme substrat de son ballet. Il se démarque ainsi de celui de son maître Crancko, créé à Stuttgart en 1965, et s'en explique dans l'interview donnée en bonus. Ce n'est pas le souvenir, ni la nostalgie de cette pièce qui l'ont inspiré pour reprendre cette histoire dans un contexte plus intemporel, mais la mise en scène de l'opéra par Dmitri Tcherniakov. La musique, commande de l'Opéra de Hambourg, est signée par Lera Auerbach, compositrice américano-russe de « la Petite Sirène », un récent ballet de Neumeier. Dirigée par Simon Hewett, elle est d'une indéniable efficacité dans les scènes violentes ou à suspense, très inspirée par Chostakovich, mais s'apparente davantage au sirupeux de la mauvaise musique de film dans les scènes romantiques.
Rêves de bals
La chorégraphie de John Neumeier, une de ses plus longues, deux grandes heures, organisée en huit scènes et deux prologues, est brillante et splendide de bout en bout. L'histoire contient assez de bals, rêves de bals, souvenirs de bals, pour fournir matière à de magnifiques scènes de danse pure et à ces pas de deux de rêve dont il a le secret. Tout ce qui est action est chorégraphié avec l'habileté, la sensibilité et l'intelligence que l'on connaît de cet immense artiste, qui a aussi signé décors, costumes et éclairages et tient le spectateur en haleine, d'autant, qu'au contraire de l'opéra, aucune scène de genre ne vient ralentir l'action.
Neumeier sait parfaitement choisir ses interprètes. Hélène Boucher et Edvin Revazov, deux danseurs principaux de la compagnie, brillent dans les rôles principaux, et tous les autres danseurs du Ballet Hambourg sont impressionnants, notamment Carsten Jung dans le Prince N. et Alexandr Trusch en Lenski. L'ensemble est filmé avec expertise par le réalisateur Thomas Grimm.
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