La nature au cœur de l’actualité

Un combat à multiples voix

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Publié le 06/05/2019
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L0605-Rejoignez-nous

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L0605-L'humanité

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L0605-Révolution

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L0605-Botaniste

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L0605-Malchimie

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L0605-Jardin

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Qui est Greta Thunberg, cette ado suédoise de 16 ans (diagnostiquée Asperger à l'âge de 11 ans) qui mobilise les jeunes partout dans le monde et harangue les politiques, des Nations Unies aux parlements et jusqu’au Vatican, sur la nécessité d’agir maintenant en faveur du climat ? La romancière Flore Vasseur (« Ce qu'il reste de nos rêves »), engagée depuis dix ans auprès des défenseurs des droits et des lanceurs d’alerte, a traduit et édité un opuscule-manifeste appelant à la mobilisation intitulé « Rejoignez-nous : #grevepourleclimat » (1) qui reprend des paroles prononcées par Greta Thunberg au sommet de Davos en 2019.

Flore Vasseur donne ainsi la possibilité, contre 3 € seulement, de mieux connaître la jeune écologiste, qui affirme être ni « payée » ni « utilisée » et écrire ses propres discours, en demandant seulement conseil à des scientifiques « pour que tout soit parfaitement exact ». Loin d’être lénifiant comme les propos des politiques, son message, qui porte essentiellement sur l’arrêt des émissions carbone, se veut un « cri d’alarme » : « Je veux que vous paniquiez. Et puis je veux que vous agissiez ».

S'informer, agir

Fred Vargas n’est pas seulement une reine du polar français, auteure d’une quinzaine de romans dont la plupart mettent en scène le commissaire Adamsberg (« Pars vite et reviens tard », « Quand sort la recluse »). L’ancienne chercheuse au CNRS, spécialiste d’archéozoologie, a enfilé sa casquette de lanceuse d’alerte engagée de longue date (elle avait écrit il y a dix ans un court texte sur l’écologie qui a été lu à la COP24 l’année dernière) et publie « l’Humanité en péril. Virons de bord, toute ! » (2).

Dans cet essai très documenté qui a pour thème l’avenir de la Terre et de l’Humanité, Fred Vargas dénonce toutes les pratiques irresponsables qui conduisent l’humain à détruire la planète, avec la complicité plus ou moins volontaire des gouvernants, qui sont sous la coupe des multinationales et des lobbies, occupés à faire entrer plus d’argent et donc à nous inciter à consommer toujours plus. S’élevant contre la désinformation dont les « Gens » sont victimes, elle énonce les différentes actions que nous pouvons mener pour freiner, réduire puis interrompre le processus en cours, sans oublier le bulletin de vote.

C’est par le biais de la littérature que Gisèle Bienne (romancière et essayiste à l’origine d’une trentaine de livres, dont « la Ferme de Navarin » et le récent « les Fous dans la mansarde ») stigmatise, dans « la Malchimie » (3), « les politiques pernicieuses des firmes agrochimiques et la défaillance des États ». Son frère Sylvain, ouvrier agricole dans une exploitation céréalière, est mort d’une leucémie aiguë après avoir « traité » intensivement les champs de son patron pendant plusieurs décennies. Elle l’a accompagné pendant les neuf mois où lui-même a été « traité » à l’hôpital de Reims, et en même temps que lui reviennent des souvenirs de leur belle enfance commune, elle se demande pourquoi la plupart des malades confinés dans les chambres stériles provenaient du milieu agricole. Comme Sylvain, comme la majorité d’entre nous, elle croyait être informée sur les Monsanto, Bayer et consorts ; au terme de ses nuits blanches, elle sait combien on l’a trompé, on nous trompe sur la dangerosité des engrais et autres produits phytosanitaires et combien il est urgent de combattre le tout chimique.

Ce que disent les plantes

Les huit millions de plantes séchées conservées au sein de l’Herbier national au muséum d’Histoire naturelle de Paris sont au cœur de l’ouvrage écrit par son responsable Marc Jeanson, avec l'ingénieure paysagiste Charlotte Fauve. Cependant les vedettes de « Botaniste » (4) ne sont pas les plantes mais les « inventeurs » de plantes, les botanistes, dont Marc Jeanson fait partie, qui les ont découvertes, classifiées et nommées : Tournefort, Adanson, Lamarck, Pierre Poivre, Monsieur Aymonin, Léon Mercurin… Un livre luxuriant qui, entre le quotidien d’un métier et la réalité d’expéditions dans des territoires pour certains sacrifiés par la main de l'homme, fait se rejoindre le passé et notre avenir.

Pour Stefano Mancuso, fondateur de la neurobiologie végétale et qui a passionné avec son livre de vulgarisation « l’Intelligence des plantes », il ne fait aucun doute que celles-ci sont l’avenir de l’homme. Après avoir démontré la capacité des plantes à comprendre, à réagir et à s’adapter à leur environnement, il va plus loin dans « la Révolution des plantes » (5), où il révèle leur faculté à innover, à se souvenir et à apprendre. Selon lui, la révolution verte a commencé.

Deux femmes en Australie

Comme les Aborigènes, Sylvie Tanette (« Amalia Albanesi ») veut croire que les morts restent dans le lieu qu’ils ont aimé. C’est ainsi que deux femmes se rencontrent dans « Un jardin en Australie » (6). Ann, dans les années 1930, avait quitté le confort de Sydney pour suivre son mari dans le Territoire du Nord et a poursuivi toute sa vie le projet fou de faire pousser en bordure de désert un verger luxuriant. Valérie, qui a fui sa famille et Marseille, s’est installée soixante-dix ans plus tard, dans la même maison maintenant décrépie, avec son jardin à l’abandon. Le fantôme d'Ann, morte solitaire et dans la misère, veille sur la jeune femme qui désespère d’entendre sa petite fille parler.

(1) Kero, 32 p., 3 €

(2) Flammarion, 249 p., 15 €

(3) Actes Sud, 243 p., 22 €

(4) Grasset, 221 p., 18 €

(5) Albin Michel, 234 p., 19 €

(6) Grasset, 174 p., 16,90 €

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin: 9747