Une nouvelle étape est franchie et la Joconde pourrait bien avoir prochainement droit à sa première échographie.
L’accélérateur Grand Louvre d’analyse élémentaire (AGLAÉ) qui vient d’être inauguré au centre de recherche et de restauration des musées de France est l’unique accélérateur de particules exclusivement dédié à la caractérisation physico-chimique d’objets du patrimoine. L’imposante machine de 27 mètres de long projette des particules jusqu’à 30 000 km par seconde à partir de faisceaux de 20 micromètres de diamètre. Cette conjugaison de l’infiniment petit et de la puissance doit permettre d’analyser des matériaux en diminuant l’irradiation des œuvres d’art. Cet appareil d’imagerie unique au monde va fonctionner 24 heures sur 24 dans les sous-sols du musée du Louvre pour percer le mystère de certains alliages et peut-être bousculer quelques certitudes en matière d’histoire de l’art.
« Il s’agit de la prise en charge d’œuvre très fragile et AGLAÉ va permettre de regarder sous les couches pour entretenir et restaurer », se félicite Françoise Nyssen, ministre de la Culture. À ses côtés, Frédéric Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche de l’Innovation souligne l’importance « de sonder les matières et de faire avancer la science des matériaux dans le respect des œuvres menacées par le temps. » Ce nouvel équipement d’imagerie va diviser par dix les doses utilisées en augmentant la sensibilité de la détection. Pas moins de 1,6 million de données seront produites chaque seconde en mode imagerie. Une mine d’informations pour les scientifiques, les chercheurs, les conservateurs et bien sûr les restaurateurs appelés à intervenir. « Un objet d’art est aussi précieux qu’un être humain pour les conservateurs », jubile le professeur Didier Gourier qui dirige la fédération de recherche New-AGLAÉ qui accueille aujourd’hui cet accélérateur d’ions. Avec une seule excitation, nous allons pouvoir détecter des rayons X, de la lumière visible, des ondes gamma et d’autres particules. C’est un ensemble de techniques qui correspondraient en médecine à l’amalgame à la fois du Pet-scan, de la tomographie X, de l’échographie et de l’IRM. Là on fait du tout-en-un. »
Le Louvre au premier rang des services d’urgence
Cette recherche va offrir la possibilité d’en savoir plus sur l’origine, les mélanges et la provenance des matériaux utilisés, qu’il s’agisse de métaux, de minéraux mais également de végétaux. « Cette machine est tellement précise qu’elle va probablement nous permettre de répondre à des questions que l’on ne se posait même pas », poursuit Didier Gourier. Les premiers examens sont pratiqués sur des fragments de céramique et quelques bronzes. Aujourd’hui, c’est le tour d’une statuette de chien d’à peine 5 cm qui fait partie d’une collection d’objets gallo-romains en bronze enfouis près du forum de Bavay à la fin du troisième siècle. L’examen va permettre de découvrir la provenance de l’or et de l’argent incrustés au niveau des yeux et des dents. Dans une pièce voisine, une œuvre de Poussin passe au rayon ultraviolet puis infrarouge. La radiologue Élisabeth Ravaud voit immédiatement une déchirure au niveau de la jambe. La blessure n’est pas récente. L’œuvre date de 1630. « On peut aussi nous demander de faire des clichés en cours d’intervention », sourit-elle. L’entretien et la restauration des œuvres exigent cette même précision chirurgicale, et des moyens. Cet investissement d’un peu plus de 2 millions d’euros issu des investissements d’avenir, du ministère de la Culture, de la Ville de Paris et du CNRS hisse le centre de recherche et de restauration des musées de France, au premier rang mondial des services d’urgence des œuvres d’art et de la conservation du patrimoine.
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