Les mères à la fête

Un maelstrom de sentiments

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Publié le 22/05/2017
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2017-05-22 Le camélia

2017-05-22 Le camélia

2017-05-22 Ma mère et moi

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2017-05-22 Le Temps de lilas

2017-05-22 Le Temps de lilas

2017-05-22 Micheline

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2017-05-22 Aussi sacrée que le Gange

2017-05-22 Aussi sacrée que le Gange

2017-05-22 L'Invention de la mère

2017-05-22 L'Invention de la mère

2017-05-22 Villa Taylor

2017-05-22 Villa Taylor

« Ma mère et moi » (1) est un document qui se lit comme un roman et dans lequel toutes les mères et les filles peuvent se retrouver. Il est signé de deux Irlandaises, Natasha Fennell et Roisin Ingle, qui ont constitué un Cercle des Filles pour réfléchir sur ce qu’il faudrait faire, avec et pour leurs mères, pour améliorer les relations et le temps qu’elles passent ensemble alors qu’elles vieillissent. Pour réfléchir mais aussi agir, s’engager pour « donner du plaisir à nos mères, même si vous estimez qu’elles ne le méritent pas ». Une expérience et des témoignages entre crises de larmes et fous rires, qui permettent de dépasser la colère et la culpabilité souvent inhérentes aux rapports mères-filles.

Didier Thurios, 57 ans, poète et grand voyageur, parcourt les routes de l’Inde du Nord, de Delhi à Bikaner en passant par Khajuraho et Dharamsala. En chemin, il écrit à sa mère, cloîtrée par la maladie d’Alzheimer dans un établissement spécialisé. « Aussi sacré que le Gange » (2) nous entraîne ainsi à la découverte d’une Inde au quotidien aussi séduisante que repoussante et nous plonge dans l’intimité de relations filiales et familiales de longue date. Une correspondance douloureuse et émouvante.

Premier roman de l'éditeur italien Marco Peano, récompensé par de nombreux prix, « l’Invention de la mère » (3) raconte l’amour d’un fils pour sa mère, avant la maladie, un cancer qui la mine depuis dix ans, lorsqu’elle sort de l’hôpital pour mourir chez elle, et après sa disparition, alors que le garçon tente de figer chaque souvenir de la femme heureuse qu’elle a été et de la retenir en faisant abstraction de ses propres rêves comme ses amours. Un récit autobiographique et une histoire universelle.

Sylvie Ohayon continue d’investir le territoire de la famille. Sept ans après « Papa was not a Rolling Stone », dans lequel elle évoquait déjà la figure maternelle, elle consacre son sixième roman à sa mère, « Micheline » (4). Un personnage haut en couleur qui a toujours bataillé avec le destin. En Tunisie, où, à 3 ans, on lui a fait porter la culpabilité de la mort de son frère, puis, à partir de 7 ans, dans une HLM de la banlieue parisienne où la famille s’est entassée. On découvre une femme courageuse et douée d’une grande force de vie, qui, à la fin des années 1960, découvre la volupté et croit en l’amour, au risque de se détruire et de détruire ceux qui l’entourent. À commencer par sa fille.

La parution du troisième et dernier tome de la saga des filles Balaguère, « le Temps de Lilas » (5), peut donner envie de revenir aux débuts de cette tribu de femmes campée par Anne Icart, qui évoluent dans le monde de la haute couture (« Ce que je peux te dire d’elles » et « Si j’ai bonne mémoire »). Dans ce volume, la plus jeune des héroïnes se découvre enceinte… Comme sa mère trente ans auparavant, qui a choisi de garder l'enfant. Une décision qui n'a pas été sans conséquences pour ses proches et surtout sa fille. Que va-t-elle décider, entre l'envie et la raison ?

Tous les amateurs de jardins et de jardinage connaissent Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand parc de Versailles, auteur de nombreux livres et émissions de vulgarisation. Professionnel reconnu, il est aussi un conteur hors pair, que l'on retrouve dans « le Camélia de ma mère » (6), qui est un hymne non pas à sa maman mais à l’arbuste ! Se souvenant que sa mère aimait un camélia qu’on lui avait offert lorsque lui-même était enfant -– et qui vit encore –, Alain Baraton nous dit tout de cette fleur, depuis ses origines divines jusqu’aux aspects pratiques, en passant par la littérature et la mythologie.

Grands personnages

L'un est dermatologue, l'autre réanimateur : Michel Canesi et Jamil Rahmani sont aussi des écrivains à quatre mains dont le premier roman, « le Syndrome de Lazare » (2006) a été adapté au cinéma par André Téchiné, sous le titre « les Témoins ». Leur cinquième ouvrage, « Villa Taylor » (7), nous mène à Marrakech, dans les pas d'une jeune femme à la vie personnelle aussi pauvre que sa vie professionnelle est brillante. Unique héritière de la mythique Villa Taylor, qui a accueilli tous les grands du XXe siècle (dont Winston Churchill, qui y a peint un tableau durant la Deuxième Guerre mondiale, reproduit en couverture), Diane part sur les traces d'une mère qu'elle n'a pas connue, une mère trop belle qui l'a abandonnée. Un voyage initiatique dans une ville et une vie.

On l’aurait presque oublié, mais « les Politiques aussi ont une mère » (8) ! C’est ce que nous rappellent les journalistes Bernard Pascuito et Olivier Biscaye. Ils sont allés à la rencontre des mamans de 13 personnalités dans le but avoué, sinon de mettre à jour des secrets de famille, du moins d’éclairer la psychologie de nos élus et les mystères d’une enfance qui les a façonnés. On entre ainsi dans la jeunesse de Mesdames et Messieurs Fillon, Le Pen, Mélenchon, Copé, Dupont-Aignan, Bayrou, Le Maire, Debré, Filippetti, Valls, Collard et Sarkozy. Sans oublier le président Emmanuel Macron, que l’on découvre moins complice avec sa mère Françoise qu’avec sa grand-mère maternelle, Germaine.

(1) JC Lattès, 372 p., 20 €
(2) Ateliers Henry Dougier, 170 p., 14,90 €
(3) Phébus, 243 p., 20 €
(4) Robert Laffont, 297 p., 19 €
(5) Robert Laffont, 285 p., 19 €
(6) Grasset, 91 p., 13 €
(7) Anne Carrière, 363 p., 19 €
(8) Albin Michel, 215 p., 17 €

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin: 9583