Tout au long de la saison du Ballet de l’Opéra de Paris on aura pu goûter aux fruits semés par son directeur de la danse démissionnaire Benjamin Millepied. Dernier en date, celui du projet de l’Académie du Ballet pour la formation des jeunes danseurs chorégraphes, qui restera sans lendemain, « mis en stand-by » par Aurélie Dupont, « la priorité étant de faire danser les danseurs… » (« le Figaro » du 10 juin 2017). Pourtant, le résultat est plus que convaincant, avec une formidable et copieuse soirée à laquelle se pressait un public jeune et enthousiaste.
Pour faire une pièce de format intermédiaire, quatre danseurs, entrés dans la compagnie à l’orée du XXIe siècle, ont eu carte blanche pour les moyens techniques et le choix des interprètes. Tous ont déjà un bagage chorégraphique. Nicolas Paul, Sébastien Bertaud et Simon Valestro ont vu leurs chorégraphies dansées dans la maison. Bruno Bouché a fondé un groupe chorégraphique avec d’autres danseurs de la compagnie. Il vient d’être nommé directeur artistique du Ballet de l’Opéra du Rhin (lire encadré).
Pas question de départager ces quatre candidats à un futur chorégraphique, tant le projet de chacun est déjà abouti et donne à voir une grande personnalité et l’authenticité du geste chorégraphique. La soirée s’ouvre dans la tradition : Sébastien Bertaud, avec « Renaissance », revendique le classicisme. Sur le « Concerto pour violon n°2 » de Mendelssohn, il a tissé une pièce néoclassique quasi balanchinienne, avec des figures académiques, de très belles envolées sur les soli et cadences et une distribution de très haut niveau. Les costumes brodés réalisés par Olivier Rousteing, styliste Balmain des stars de la pop, ajoutent un glamour certain à cette pièce scintillante.
L’excellent choix de Simon Valestro pour sa « Little Match Girl Passion » est celui d’une œuvre vocale de David Lang, interprétée par quatre chanteurs de l’Académie de l’Opéra de Paris qui se mêlent à l’action. Dans sa chorégraphie spectaculaire, le conte d’Andersen est vu au travers du spectre de la Passion du Christ, comme l’y invite la partition. Trois étoiles, Eleonora Abbagnato, Marie-Agnès Gillot et Alessio Carbone, s’emparent de ce récit, auquel elles donnent une vraie force narrative.
Venaient ensuite deux chorégraphies « choc ». « Undoing World », de Bruno Bouché, mise sur une scénographie élaborée, une musique originale de Nicolas Worms jouée par The Klezmatics et un propos sur les flux migratoires. La chorégraphie mêle quelques très beaux soli à des mouvements de foule magnifiquement réglés.
Nicolas Paul, avec « Sept mètres et demi au-dessus des montagnes », flirte avec la vidéo et prône le choc culturel d’une musique austère, les « Motets » de Josquin Desprez, avec la thématique du déluge. On aurait aimé en conclusion souhaiter longue vie à ce projet, qui s’apparente plus au futur d’une étoile filante.
Une fausse bonne idée
On n’insistera guère sur la mise en scène de « la Cenerentola » de Rossini (1) mise en scène par le comédien Guillaume Gallienne, qui rejoindra au musée des fausses bonnes idées les réalisations par une personnalité extérieure au monde de l’opéra. Le réalisme du cinéma italien des années 1950 ne sied pas à cet opera buffa d’après le conte de Perrault. La direction excitée d’Ottavio Dantone n’allait pas non plus dans le bon sens. Quant à la distribution, le moins que l’on peut dire est qu’elle n’est pas au niveau d’un opéra national ni de ses prétentions tarifaires.
Le soprano Anja Harteros, Kammersängerin à l’Opéra de Munich, qui a ravi le public de l’Opéra de Paris lors de la dernière reprise de « Tosca » à Bastille, a réuni un public fervent pour un magnifique programme germanique accompagné par le pianiste Wolfram Rieger. Ce qui frappe chez cette immense artiste, que l’on entendait pour la première fois sans qu’elle ait besoin de faire passer sa voix par-dessus un orchestre souvent énorme, comme l’y oblige son répertoire de prédilection (Wagner, Strauss, Verdi), c’est le contrôle absolu de la mesa di voce et la capacité de timbrer chaque nuance et même les plus fines comme on a pu le constater souvent dans Schumann, R. Strauss et Berg. La classe du maintien scénique alliée à une facilité d’incarner des personnages, de détailler chaque petite vignette avec simplicité et humour et surtout la capacité du changement instantané d’humeur sont les qualités de cette grande Liedersängerin.
(1) Jusqu’au 13 juillet. Places de 50 à 231 €. Retransmission sur Culture Box et ultérieurement sur France 3. www.operadeparis.fr
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