On a beaucoup dit que la crise sanitaire de 2020 avait compromis l’Année Beethoven. Universellement reconnue, la gloire du compositeur n’avait pas besoin d’être grandement célébrée – et le peu qui a été fait, notamment par Vienne, qui a joué les trois versions de son opéra « Fidelio », a fait mine d’événement. En revanche, la renommée de Saint-Saëns ne peut sans doute se passer, même dans son propre pays, d’un petit coup de trompette commémorative*.
Camille Saint-Saëns se fit d’abord connaître comme organiste. Vingt ans à la tribune de La Madeleine, successeur de Lefébure-Wély, ce n’est pas rien. Il joua même devant la reine Victoria. Grand patriote, couvert d’honneurs, il connut à la fin du XIXe siècle une gloire qu’éclipsa l’avènement du wagnérisme.
Pour découvrir ce qui restera son chef-d’œuvre absolu, l’opéra « Samson et Dalila », rien n’égale la production filmée en 1981 au San Francisco Opera House sous la direction de Julius Rudel, dans la mise en scène plus que fidèle de Nicolas Joël, avec Placido Domingo et Shirley Verrett (1 DVD Arthaus Musik), et, au disque, la version de Georges Prêtre avec Jon Vickers et Rita Gorr (2 CD EMI).
Autre chef-d’œuvre, les « Cinq concertos pour piano ». Jeanne-Marie Darré en a été une interprète historique (EMI), quasi égalée ensuite par Jean-Philippe Collard (EMI) ou, plus récemment, Bertrand Chamayou (Erato). On n’oubliera pas la « Symphonie n° 3 avec orgue », pilier du répertoire symphonique français, dans l’interprétation historique de von Karajan avec Pierre Cochereau (Deutsche Grammophon).
De ce compositeur prolifique, beaucoup reste à découvrir. Après la recréation à l’Opéra Comique, en 2017, de son premier opéra, complètement oublié, « le Timbre d’argent » (1864), la Fondation Palazzetto Bru Zane en a édité le premier enregistrement mondial, avec Les Siècles dirigés par François-Xavier Roth, Hélène Guilmette, Jodie Devos et Tassis Christoyannis, un élégant album contenant un matériel critique passionnant (2 CD Palazzetto Bru Zane).
À découvrir, l’excellent ouvrage « Croquer Saint-Saëns », de Stéphane Leteuré, une histoire de la représentation du musicien par la caricature (Actes Sud, 304 p., 10,50 €).
* Pour s'informer sur les événements prévus (dont une exposition à l'Opéra), en fonction des règles sanitaires, la Société Camille Saint-Saëns, camille-saint-saens.org.
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