PERSONNE ne pouvait prévoir la cascade d’incidents qui, au cours du week end écoulé, ont fait sombrer le football français. Mais les signes avant-coureurs du désastre se sont multipliés bien avant cette issue désastreuse. Le péché originel se situe dans le geste de Thierry Henry qui a permis à la France de l’emporter contre l’irlande et de la qualifier pour la Coupe du monde. « Pas vu, pas pris », avait alors déclaré la secrétaire d’État aux Sports, Rama Yade qui, depuis, a commis d’autres erreurs de jugement, par exemple quand elle a demandé à nos footballeurs « de nous éblouir davantage par leurs résultats que par le clinquant de leur hôtel », alors qu’elle-même était logée dans une chambre de luxe, qu’elle a dû annuler après l’avoir payée.
Fiasco planétaire.
L’extraordinaire concentration du peuple français sur deux douzaines d’hommes manifestement peu préparés à une compétition planétaire, la présence haletante du pouvoir à leurs côtés sous des formes diverses allant de la sévérité jusqu’au soutien inconditionnel, l’incapacité de la FFF à mesurer l’écart entre l’insuffisante qualité des joueurs et la tâche énorme qu’ils devaient accomplir, l’atmosphère créée par un coach, en apparence très autoritaire et en réalité dépourvu d’autorité (il l’a prouvé en lisant leur communiqué et donc en les rejoignant), l’arrogance de joueurs nationaux imbus de leur statut mais complètement insensibles aux devoirs qu’il implique, le primat de l’ambition individuelle sur le nécessaire jeu collectif, tous ces éléments conjugués ont conduit l’équipe de France à ce fiasco planétaire qui fait de la France l’objet de tous les sarcasmes.
Ceux qui, comme nous, ne connaissent pas suffisamment ce sport pour adresser des mises en garde en amont, ont assisté, médusés, à cette rapide descente aux enfers. Nous nous étions permis d’envisager un forfait après la main de Thierry Henry. Il suffisait de renoncer à un Mondial où, de toute évidence, nous ne faisions pas le poids. Peine perdue. Le refus viscéral de la nation d’une non-participation de la France à la Coupe du monde a ouvert la porte sur une réalité que personne ne voulait voir : la médiocrité de l’équipe, le langage mystérieux d’un entraîneur qui a toujours expliqué par des circonvolutions ésotériques les défaites de son équipe sans en tirer la leçon, la sérénité de joueurs qui se moquaient comme d’une guigne de leurs propres échecs, la timidité d’une FFF qui, depuis deux ans déjà, aurait dû remplacer Raymond Domenech, l’homme qui a le plus nié, avec une mauvaise foi insigne, la fameuse main d’Henry.
LE PÉCHÉ ORIGINEL, C’EST LA MAIN DE THIERRY HENRY
Ce qui a conduit aux insolences, aux injures, aux altercations, c’est certes cette mauvaise éducation que les Français sont prêts à pardonner si on leur offre des buts ; mais c’est surtout une équipe qui, à aucun moment, ne semblait à la hauteur des enjeux d’un Mondial. Et quand chacun continue à se croire le meilleur, la défaite ne peut, bien sûr, résulter que de la médiocrité de l’autre. Jamais, jusqu’à ce que « l’Équipe » fît samedi sa manchette sur un propos ordurier de Nicolas Anelka (dont les termes doivent encore être prouvés), n’a-t-on perçu dans le groupe l’union qui fait la force. Divisés dans l’adversité, les voilà tout à coup unis non pas au nom de leur honneur, mais de la solidarité des cancres. Des salariés payés des millions d’euros par an se sont mis en grève comme des smicards exploités par une usine qui délocalise. Ils ont, encore une fois, tiré leur morgue insensée de leur statut plutôt que de leur valeur, rejetant dans le même mépris les millions de concitoyens qui les ont soutenus en dépit de leurs travers, leur entraîneur et son staff, la Fédération, les quelque deux millions d’enfants licenciés qui rêvent d’arriver là où ils sont. On ne saurait imaginer, même chez des hommes jeunes et peut-être pas très policés, une telle irresponsabilité.
Roselyne Bachelot, ministre présente sur les lieux, active jusqu’à la fin, les a soutenus quand même. Elle a joué le seul rôle qui lui était imparti. Mais ce stoïcisme dans le désespoir avait quelque chose de pathétique. L’ombre de la main pèse encore sur l’équipe. Preuve en est que, avec un sens invraisemblable des valeurs, le capitaine a cru bon de dénoncer le « traître » qui aurait fait des révélations à « l’Équipe ». Pas vu, pas pris ? Ce n’est plus l’injure qui compte, c’est qu’on la rapporte ; ce n’est plus la faute qui est accablante, c’est qu’on la filme ; ce n’est pas la nullité des joueurs qui abaisse la France, c’est le dire.
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