Plaidoyer pour la laïcité

Une femme lève le voile

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Publié le 23/01/2017
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Pour ce qui est des pratiques, l'auteure revient sur une situation qui a été maintes fois décrite : une partie de la jeunesse des banlieues est devenue une proie facile pour d'habiles recruteurs, elle se radicalise, rejette la République, la laïcité, voire la France. Un recrutement devenu facile, car il s'opère sur des esprits faibles ou des petits délinquants.

Plus subtilement, le livre montre bien comment l'injonction de croire et de respecter les croyances sert de terreau à tout ceci ; c'est bien sûr en particulier le Coran qu'il faut respecter… Le vrai problème est que les dogmes, les lois coraniques se veulent au-dessus des lois républicaines et démocratiques, qu'il y a mille interprétations du Coran, qui est « un peu comme Internet, chacun y trouve ce qu'il cherche ».

L'auteure d'origine iranienne revient sur un fait avéré : beaucoup de ces jeunes ne savent pas grand-chose d'un texte présenté comme le sacré absolu, mais qui, dans le célébrissime cas du « voile », a servi avant tout à obliger, Kalachnikov à l'épaule, toutes les femmes à se voiler. Cette pièce de tissu « rejette l'égalité des droits hommes et femmes face à la loi, comme cela est le cas dans tous les pays qui appliquent la charia ».

Le statut des enfants

Parmi les riches analyses que fait Chahdortt Djavann, on retiendra le statut historiquement différent dans le monde issu de l'immigration et dans le monde occidental. Dans ce dernier, l'enfant est pensé dans une optique de carrière et de réussite. Dans le monde musulman comme dans beaucoup de pays non démocratiques, les enfants « sont encore une source de revenus, surtout l'enfant mâle, à peine sortis de l'enfance, ils travaillent dans les champs, à l'usine… ».

Nés en France, mais élevés sur le modèle de parents parlant mal le français, ces adolescents se comparent aux jeunes jouissant de tous les privilèges du modèle occidental. Ils subissent l'échec scolaire, la discrimination à l'embauche, la ghettoïsation dans les banlieues.

Ainsi est mise en évidence une causalité de type culturel et éducatif. Certains de ces jeunes finissent par rejeter le mode de vie de leur pays de naissance et deviennent des proies faciles pour les recruteurs islamistes.

Trône superbement au centre du livre la ruse que constitue le thème de l'islamophobie, dont on feint de croire qu'elle s'en prend à la foi musulmane, alors qu'elle en désigne les terribles excès. Certaines féministes ont même collaboré avec les idéologues islamistes « au nom du droit des minorités ».

En tressant des louanges à Élisabeth Badinter qui dénonce ce piège, Chahdortt Djavann souligne que « les bouffeurs de curés, les allergiques au Temple n'ont jamais été appelés christianophobes ou judéophobes » et rappelle que la défense de la laïcité est une priorité absolue. Un livre vif et terriblement convaincant.

« Comment lutter efficacement contre l'idéologie islamique », Grasset, 252 p., 18 €

André Masse-Stamberger

Source : Le Quotidien du médecin: 9549