Le centenaire d'Auguste Rodin

Une influence majeure sur l'art du XXe siècle

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Publié le 30/03/2017
Art-Rodin

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Crédit photo : MUSÉE RODIN/CH. BARAJA

Au Grand Palais (2), « L'exposition du centenaire » propose un parcours chronologique de 200 œuvres. Les modèles de Rodin (1840-1917) sont Michel Ange et l’antiquité grecque et il développe une veine expressionniste totalement nouvelle au XIXe siècle. Dès ses débuts, il donne vie à la sculpture au-delà du contexte historique, avec « la Porte de l’enfer », dont les différents éléments prendront leur autonomie et séduiront les collectionneurs, et « les Bourgeois de Calais ».

Rodin modèle la terre et les plâtres évoluent. Réalisés par ses praticiens, ils sont tirés en bronze ou sculptés en marbre en fonction des commandes. Il les modifie, les réassemble, les fragmente, conserve les jointures, décide d’exposer des figures partielles, comme les torses, qui sont pour lui une œuvre autonome(« Iris », « la Méditation »). Il fera de même avec ses dessins, qui gardent un côté expérimental, prêts à évoluer.

Communicateur hors pair via la presse (il est défendu notamment par Mirbeau) et les expositions (à la galerie Georges Petit avec Monet en 1889, à Prague en 1902, à Londres en 1914), il installe en 1900, en marge de l’Exposition universelle, le Pavillon de l’Alma, qui fait sensation et qui attire des collectionneurs internationaux.

L'influence de Rodin sera décisive sur la création du XXe siècle. À commencer par ses praticiens, Bourdelle, Lehmbruck, Gaudier-Brzeska, Brancusi, Claudel. Picasso et Matisse aussi, avec la figure partielle et le collage, puis Germaine Richier, Giacometti (« l’Homme qui marche »). Une influence qui se prolonge avec le retour de l’expressionnisme de Fautrier, Dodeigne ou de Kooning, et encore Markus Lupetz, Gormley.

Si son fond d’atelier, visible au musée Rodin (3) et dans sa maison à Meudon, donne à voir sa technique et sa carrière, l'exposition du Grand Palais permet d’approfondir son art dans sa diversité et d'en mesurer l’aspect novateur. Le musée Rodin expose aussi jusqu’au 22 octobre Anselm Kiefer, qui s'immerge dans l’œuvre du sculpteur.

Un musée pour Camille Claudel

Il faut aller à Nogent-sur-Seine, dans l'Aube, voir le nouveau musée Camille Claudel (4). Grâce à l’achat de la collection de la petite-fille de Paul Claudel, le musée présente 43 sculptures de l’artiste (1864-1943) au sein d’un ensemble de 200 qui contextualise « son art de la pensée ».

Nogent où Camille Claudel a habité enfant et dont étaient originaires deux sculpteurs majeurs de la fin du siècle, Alfred Boucher et Paul Dubois, qui ont guidé ses débuts et l’ont introduite auprès de Rodin. Avec « la Femme accroupie » et « l’Abandon », on apprécie les apports réciproques entre le maître et la praticienne. Puis son évolution, avec « la Petite Châtelaine », « la Valse », à laquelle elle devra ajouter un drapé pour cacher la nudité des corps, « l’Âge mûr », « les Causeuses ». Pour terminer avec « Persée et la Gorgone », autoportrait halluciné que Pompon réalisera alors qu’elle avait taillé tous ses marbres, car Camille Claudel est déjà malade. Entre symbolisme et art nouveau, elle cherche l’expression à travers le mouvement et donne à ses personnages une très grande intériorité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) Site dédié avec le programme des manifestations : rodin100.org
(2) Jusqu'au 31 juillet. Tél. 01.44.13.17.17, www.grandpalais.fr
(3) Tél. 01.44.18.61.10, www.musee-rodin.fr
(4) Tél. 03.25.24.77.15, www.museecamilleclaudel.fr

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin: 9568